Passer au document

Les corporations

exposé sur les corporations sous l'ancien régime
Matière

Histoire Moderne

86 Documents
Les étudiants ont partagé 86 documents dans ce cours
Année académique : 2018/2019
Partagé par:
0follower
47Documents uploadés
47upvotes

Commentaires

Merci de s'identifier ou s’enregistrer pour poster des commentaires.

Aperçu du texte

HISTOIRE MODENRE Sujet : les corporations Introduction Lorsque l’on parle de corporations sous l’ancien régime, on parle tout d’abord de communautés de métiers. Le terme corporation n’apparait effectivement qu’à la fin du XVIII e siècle et a aujourd’hui un sens plutôt péjoratif, notamment lorsque l’on fait allusion au corporatisme, lié à la défense d’intérêts particuliers. Aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, les communautés de métiers sont multiples premièrement parce que le nombre de métiers différents réunis en d’autant de corporations est très élevé mais aussi parce qu’une corporation se limite à l’association de travailleurs d’une seule ville ou région. Il y a donc par exemple plusieurs corporations de cordonniers ou de maraichers. Chaque corporation, pour se singulariser et se distinguer des autres utilise un blason qui lui est propre.  Ex : blason des orfèvres de Beaune. Vexillologie : « écartelé d’argent et d’azur à une croix d’or brochant sur le tout ; cantonné au premier et quatrième d’une vierge de carnation, habillée de gueules, tenant l’enfant Jésus au naturel, lequel tient de sa main dextre un pampre de vigne de sinople, fruité de sable ; et au deuxième et troisième un ciboire d’or » (Histoire de l'orfèvrerie-joaillerie et des anciennes communautés et confréries d'orfèvres-joailliers de la France et de la Belgique, F. Seré). Cet attachement aux blasons nous aide à comprendre le lien qui est souvent fait entre une corporation et une famille, une communauté non pas fondée sur des liens de sang mais sur un idéal premier d’entraide et de défense d’intérêts communs. Le système de communautés de métiers est donc à la fois du ressort privé et public du fait de l’influence des institutions royales qui s’exerce sur l’organisation de celles-ci. Problématique : Comment les administrations successives de l’ancien régime ont-elles tenté d’ordonner le système des communautés de métiers ? I. Un système économique et social complexe A. Un système qui prend sa source au Moyen-Age Les corporations semblent apparaitre vers le XI e siècle et c’est au XIII e siècle qu’Etienne Boileau rédige le Livre des métiers qui recense 101 corps d’activités parisiens différents allant de l’alimentation au bâtiment en passant par l’habillement et l’orfèvrerie. On parle alors de charité, ghilde ou hanse. L’organisation reste propre à chaque communauté, il n’y a pas d’unification globale à l’échelle du territoire. Si commerçants et artisans s’associent c’est avant tout pour s’assurer une sécurité mutuelle dans un royaume où l’autorité royale peine parfois à être entendue. C’est notamment dans les villes que les corporations se forment et gagnent en influence, économique et politique.  On retrouve par exemple le droit de guet instauré par les différentes communautés pour préserver leurs biens : des tours de garde sont organisés et auxquels doivent s’astreindre tous les membres d’une corporation à tour de rôle. Le veilleur se doit de garder les propriétés immobilières des différents membres et il se peut que plusieurs tournent en même temps dans une même ville du fait qu’il y ait plusieurs corporations qui y soit implantées. Les membres d’une même corporation occupent généralement une même rue, un même quartier. Cet héritage est encore particulièrement visible à Strasbourg par exemple où observe encore aujourd’hui une rue des orfèvres, des chaudronniers, des serruriers etc. Une corporation possède généralement une maison où peuvent se réunir les différents membres de la communauté. Les corporations jouent donc un rôle particulier et important dans l’organisation urbaine, audelà de la simple activité professionnelle de ses membres. Cela nécessite une mécanique interne particulièrement bien huilée. B. Organisation interne et hiérarchie Il existe deux types de communautés de métiers, celles dites libres et celles que l’on appelle jurandes. Bien que la limite entre ces deux catégories soit souvent fine cette dernière se caractérise par le fait que ses membres prêtent serments et promettent de respecter les codes et lois de la corporation qui définissent sont fonctionnent et les droits et devoirs des membres. Chaque jurande, soit chaque corporation, possède ses propres règles ce qui rend difficile la caractérisation de celles-ci. Dans une corporation on distingue trois catégories de membres : apprentis, compagnons et maitres.  Les apprentis sont généralement de jeunes gens sans formation ou expérience professionnelle qui sont placés par leur famille chez un maître. Celui-ci lui doit, en plus de la formation, la pension complète en échange d’une aide financière de la famille de l’apprenti. Un maître peut évidemment prendre pour apprentis son propre enfant. Rappelons que les corporations sont ouvertes, à quelques exceptions prêtes, ouvertes aux hommes et aux femmes qui peuvent donc aussi être apprentise et maitre. Ce système favorise donc l’avènement de grandes familles mais aussi la réussite des plus riches. En effet, un membre doit payer des droits de fin d’apprentissage et de maîtrise à sa communauté et la validation d’un chef-d’œuvre ne s’effectue parfois qu’après que le futur reçu ait payé des frais de banquet à son jury. Cet édit limite donc aussi la durée de réalisation d’un chef-d’œuvre à trois mois, les frais d’accès à la maîtrise et rend obligatoire l’apprentissage et le compagnonnage (bien que réduit) pour les fils de maîtres. Enfin, on ne pouvait jusqu’alors devenir maître que dans la ville ou le faubourg dans lequel on avait fait son apprentissage. Seuls ceux formés à Paris pouvaient s’installer ou bon leur semblait en province. L’édit valide cette coutume mais autorise les maîtres exerçant dans les faubourgs à s’installer en ville et réitère l’exception parisienne pour la ville de Lyon  : maîtres et apprentis peuvent s’installer partout en France sauf à la capitale. Cependant, l’édit reste surtout formel, notamment à cause du contexte de guerre. C’est celui d’Henri IV, qui reprend sensiblement les mêmes points, les étendant aux communautés de marchands, qui sera réellement respecté. B. Corporations, religion et politique Avec les difficultés que trouvent ces édit à être effectifs, on comprend la dimension à la fois politique et religieuse de la communauté de métiers. C’est tout d’abord à travers le parlement mais aussi les baillages et sénéchaussées (provinces juridiques) que s’exerce le pouvoir des corporations. Ce sont des maîtres qui sont élus à ces postes et tentent de favoriser les intérêts de leur communauté et ils ont donc logiquement un droit de regard sur toutes les mesures qui les concernent, devant promulguer les ordonnances et valider les lettres patentes. De plus, les communautés ont aussi des privilèges juridiques : les jurés agissent comme les contrôleurs de la qualités, pouvant saisir la production qu’ils estiment contraire aux normes de la corporation de par leur droit de visite des établissements des membres, mais les règles de la corporation incitent aussi à dénoncer la fraude et ceux qui prônent des idées « révolutionnaires ». En effet, chaque membre de jurande prête serment lors de son intronisation sur la communauté, promettant d’y être loyale mais aussi à la ville puis de plus en plus au roi.  Ce pouvoir des communautés est donc toléré car il est utile à l’administration royale en soulageant notamment le Châtel (châtelet de paris et prévôté d’Ile-de-France = prévôt + lieutenants (civils, généraux, criminels) + commissaire enquêteur).  Une autre particularité des jurandes (=/= communautés réglées, directement sous administration royale) était qu’elles avaient le « droit d’ester en justice », c’est-à-dire d’attenter un procès ou de se défendre en tant qu’entité. A cela s’ajoute un influence religieuse des corporations. Aux communautés de métiers sont généralement rattachées des confréries. Celles-ci sont généralement constituées de maîtres qui garantissent la ligne religieuse de la communauté. Comme nous l’avons vu tout à l’heure sur le blason présenté, ce qui est aussi le cas pour de nombreux autres armoiries, des figures religieuses sont associées aux diverses corporations, qui peuvent défiler sous leur bannière lors des fêtes du calendrier religieux.  Les protestants ne sont donc pas forcément bien accueillis et doivent se plier aux règles religieuses de la communauté comme le respect des jours de chômages calqués sur les jours de fêtes catholiques.  Les Juifs et les étrangers sont aussi rejetés. Enfin, en plus de la hiérarchie interne aux communautés, il semble aussi exister une hiérarchie tacite entre les différentes catégories de corporations : les corporations d’artisans étaient moins prestigieuses que les communautés de marchands et notamment les Six Corps, qui regroupe les communautés de marchands de Paris : drapiers, épiciers, merciers, pelletiers, bonnetiers et orfèvres. Les communautés de métiers tendent donc à s’homogénéiser mais leur influence et notamment celle des maîtres, en matière de religion et surtout politique est indéniable. III. L’influence du colbertisme Le colbertisme regroupe l’ensemble des pratiques économiques qui visent à ouvrir la production française au marché international en favorisant la sévérité du contrôle de la qualité des produits, l’exportation et les produits de luxe. Des mesures qui ont aussi des retombées politiques puisqu’elles visent à diffuser le modèle et la culture française. A. L’édit du 13 août 1669 Le politique de Colbert concernant les corporations est particulièrement bien illustré par l’édit du 13 août 1669 qui s’applique à la production textile, première activité manufacturière en France à l’époque. Celui donne des directives particulièrement précises concernant la norme des tissus qui sont produit partout sur le territoire. Par la standardisation du produit le but est que la production française soit gage de qualité.  D’autres ordonnances et édits seront promulgués dans les années qui suivent qui contiennent chacun plusieurs centaines d’articles. J. Cornette parle de « 40 instructions et 150 édits », qui visent à homogénéiser la production aussi en termes de techniques utilisées. Les seigneurs n’ont plus le droit de règlementer les métiers et une « assemblée du commerce » est instiguée dans les villes possédant une industrie textile forte, présidée par des jurés et des notables.  21 inspecteurs de manufactures ont pour but de faire appliquer ses nouvelles règles et de faciliter les relations entre les communautés de métiers et travailleurs libres (qui ne sont affiliés à aucune corporation, sans qualification particulière). perçues comme des « freins au progrès et à la liberté » (A. Thillay) par les partisans d’un libéralisme de plus en plus présent. Les tentatives d’abolition des corporations par Turgot, nommé contrôleur général des finances en 1774, se soldent par un échec et c’est avec la révolution que disparaissent les corporations. BIBLIOGRAPHIE COORNAERT Emile, Les corporations en France avant 1789, Paris, Les Editions Ouvrières, 1968. CORNETTE Joël, Absolutisme et Lumières : 1652-1783, 8e éd. revue et augmentée, Paris, Hachette supérieur, coll. « Histoire de la France, Carré histoire, 23 », 2016, vol. 1/. THILLAY Alain, Le Faubourg Saint-Antoine et ses « faux-ouvriers » : la liberté du travail à Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles, Seyssel, Champ Vallon, coll. « Epoques », 2002. SERE Ferdinand et LACROIX Paul, Histoire de l'orfèvrerie-joaillerie et des anciennes communautés et confréries d'orfèvres-joailliers de la France et de la Belgique, Paris, Seré, 1850.

Ce document a-t-il été utile ?

Les corporations

Matière: Histoire Moderne

86 Documents
Les étudiants ont partagé 86 documents dans ce cours
Ce document a-t-il été utile ?
HISTOIRE MODENRE
Sujet : les corporations
Introduction
Lorsque l’on parle de corporations sous l’ancien régime, on parle tout d’abord de
communautés de métiers. Le terme corporation n’apparait effectivement qu’à la fin du XVIIIe
siècle et a aujourd’hui un sens plutôt péjoratif, notamment lorsque l’on fait allusion au
corporatisme, lié à la défense d’intérêts particuliers.
Aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, les communautés de métiers sont multiples premièrement
parce que le nombre de métiers différents réunis en d’autant de corporations est très élevé
mais aussi parce qu’une corporation se limite à l’association de travailleurs d’une seule ville
ou région. Il y a donc par exemple plusieurs corporations de cordonniers ou de maraichers.
Chaque corporation, pour se singulariser et se distinguer des autres utilise un blason qui lui
est propre.
Ex : blason des orfèvres de Beaune. Vexillologie : « écartelé d’argent et d’azur à une
croix d’or brochant sur le tout ; cantonné au premier et quatrième d’une vierge de
carnation, habillée de gueules, tenant l’enfant Jésus au naturel, lequel tient de sa
main dextre un pampre de vigne de sinople, fruité de sable ; et au deuxième et
troisième un ciboire d’or » (Histoire de l'orfèvrerie-joaillerie et des anciennes
communautés et confréries d'orfèvres-joailliers de la France et de la Belgique, F. Seré).
Cet attachement aux blasons nous aide à comprendre le lien qui est souvent fait entre une
corporation et une famille, une communauté non pas fondée sur des liens de sang mais sur
un idéal premier d’entraide et de défense d’intérêts communs.
Le système de communautés de métiers est donc à la fois du ressort privé et public du fait de
l’influence des institutions royales qui s’exerce sur l’organisation de celles-ci.
Problématique : Comment les administrations successives de l’ancien régime ont-elles
tenté d’ordonner le système des communautés de métiers ?
I. Un système économique et social complexe
A. Un système qui prend sa source au Moyen-Age
Les corporations semblent apparaitre vers le XIe siècle et c’est au XIIIe siècle qu’Etienne
Boileau rédige le Livre des métiers qui recense 101 corps d’activités parisiens différents allant
de l’alimentation au bâtiment en passant par l’habillement et l’orfèvrerie. On parle alors de
charité, ghilde ou hanse. Lorganisation reste propre à chaque communauté, il n’y a pas
d’unification globale à l’échelle du territoire.