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Cours 6 - 1848, un basculement vers l Europe moderne 22

Matière

Histoire - Histoire du XIXe siècle (AHIS 13F00)

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Année académique : 2018/2019
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Sorbonne Université

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Cours 6 : 1848, un basculement vers l’Europe moderne?

Jeudi 4 Octobre 2018

Les événements de 1848 constituent une vague révolutionnaire en Europe de l’Ouest et sont désignés sous le terme de « printemps des peuples ». Ils sont au cœur des problématiques du cours : l’européanisation de la pratique révolutionnaire, la contestation de l’empire autrichien et les luttes et revendications nationales. Ce phénomène touche les masses, urbaines et rurales, et il est une étape cruciale dans la politisation des sociétés européennes.

Le syllabus regroupe deux regards sur la Révolution. G. Flaubert, vingt ans après la révolution, observe les événements de 1848 dans L’éducation sentimentale, la chute de la monarchie, et montre comment les acteurs politiques se positionnent face à cette conjecture. Il montre l’importance des clubs et de la discussion politique. K. Marx, à chaud, analyse les possibilités de la révolution de 1848 comme répétition de 1789 et regarde la possibilité d’une révolution prolétarienne. Elle n’arrive pas selon lui, car les révolutionnaires reprennent les codes bourgeois et ne se revendiquent pas comme classe prolétaire.

Ces événements font l’objet de nombreux débats intellectuels, pour comprendre et donner sens à la simultanéité des révolutions en Europe. Pour les conservateurs, 1848 se caractérise par un phénomène de contagion. Une autre interprétation est celle de l’imitation du processus révolutionnaire à Paris. La plupart des historiens mettent plutôt l’accent sur la circulation et la réappropriation des révolutions selon les pays.

I. Une vague révolutionnaire européenne

A. Les motifs de contestation

Les origines de la contestation Les années 1845-1847 sont marquées par une crise économique et sociale en Europe, avec de mauvaises récoltes. Certaines populations rurales forment des émeutes « de subsistance ». En Autriche, elles s’opposent au système de servage, qui aggrave leur situation. Il y a une crise financière chez les États, qui choisissent d’augmenter leur impôts sans pour autant faire des concessions politiques pour obtenir ces changements. Les années 1840 se caractérisent par la présence de revendications libérales dans les monarchies absolues. Les mouvements nationaux touchent plusieurs pays, notamment sous la coupe de l’empire autrichien.

Les premiers signes de l’insurrection dès 1846-

L’arrivée de Pie IX au pouvoir dans les États pontificaux, qui promet une libéralisation du régime avec la création d’une assemblée de conseil pour représenter le peuple. Avec les élections à la Diète hongroise en 1847, et la victoire de l’opposition exigeant la libéralisation du régime. Dans le royaume de Prusse, avec les problèmes financiers du fait de la crise économique, mais aggravés par la période de grands travaux. Le compromis entre les élites et le souverain pour la demande de fonds patine, puisqu’elles demandent la formation de chambre parlementaires, là où le monarque refuse. En Suisse, à partir de 1847 avec la guerre du Sonderbund.

B. L’embrasement révolutionnaire

La séquence révolutionnaire est un cycle bref et multidirectionnel Les premières insurrections ont lieu à Palerme (le 12 janvier 1848), dans le royaume des deux Siciles au sud de l’Italie, puis à Naples. Ferdinand II est forcé d’adopter une constitution, et d’intégrer des figures libérales dans son gouvernement. Cela se communique au royaume de Piémont Sardaigne puis aux États pontificaux. Cette séquence prend un tournant à Paris, avec la révolution de février (22-24 février 1848) qui met fin à la monarchie de Juillet. Elle trouve son origine dans la campagne des banquets exigeant l’élargissement du droit suffrage, à laquelle s’oppose le ministre François Guizot qui tente d’en interdire certaines manifestations. La situation dégénère, Guizot doit démissionner et Louis Philippe doit abdiquer.

Dès lors, la révolution s’européanise :

  • 13 mars : émeutes à Vienne (démission de Metternich), fin des droits féodaux et du servage
  • 15 mars : soulèvement à Pest (en Hongrie)
  • 16-18 mars : journées révolutionnaires à Berlin
  • 17 mars : soulèvement à Venise
  • 18-22 mars : les « cinq journées de Milan » (maréchal Joseph Radetzky)

Cette vague épargne la Belgique, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Russie, l’Espagne et le Portugal.

L’un des symboles de ce mouvement insurrectionnel est la barricade. C’est une prise de contrôle de l’espace public par les révolutionnaires. Par exemple, avec la barricade de la rue Saint-Martin à Paris, dans la Marzstrasse à Vienne, sur la Alexanderplatz à Berlin, à Naples.

C. La politisation des masses

Comme en 1789 et 1830, le moment 1848 est propice à une ouverture de l’espace public. Il s’agit déjà d’une profusion de la prise de parole et de la culture imprimée. En quelques semaines en Autriche, le nombre de journaux passe de moins de 100 à 388 après la révolution. On

Le décret du gouvernement provisoire du 27 avril 1848 abolit l’esclavage et confère le statut et les droits de citoyen aux « nouveaux libres ». Dans les colonies, on prévoit le remboursement des planteurs et on encourage le salariat des anciens travailleurs.

B. Les fractures républicaines

Les républicains ne rencontrent pas immédiatement l’assentiment national. De nombreux ruraux se révoltent contre l’impôt, les élites au pouvoir (conservatrices) prennent peur des ateliers nationaux, et choisissent de les fermer (pour contrôler l’action des républicains les plus radicaux). La fermeture des ateliers nationaux entraines les « journées de juin » 1848, qui oppose la « province », i. les élites au pouvoir contre le peuple de Paris, et entraine de nombreux massacres, arrestations et déportations. Le parti au pouvoir est appelé « parti de l’ordre ». Il prend des mesures de restriction politique.

La mise en place de nouvelles institutions entraîne de nombreux débats parlementaires à l’automne 1848. La reconnaissance de droits économiques et sociaux est au cœur des débats entre républicains, et ne prend finalement pas place dans la nouvelle Constitution. Une autre question est celle de la séparation des pouvoirs, qui se fait entre le président de la République et une assemblée unique. La constitution est adoptée le 4 novembre 1848. Six candidats se présentent pour l’élection présidentielle de la République en décembre 1848. On retrouve une figure particulière : celle de Louis-Napoléon Bonaparte, qui bénéficie de la légende napoléonienne et d’un Ethos social avec ses écrits sur le paupérisme. Il est élu dans un triomphe électoral (74% des suffrages).

C. La République conservatrice et sa chute

Pendant trois années, les conflits vont se durcir entre le nouveau président et l’Assemblée. Napoléon a recours au coup d’État en 1851 pour dépasser la disposition constitutionnelle l’interdisant de se représenter. Les militants de gauche, qui forment « La Montagne », sont réprimés après 1949 par l’exécutif.

La République conservatrice se signale par plusieurs réformes et actions politiques significatives initiées par l’Assemblée :

  • L’intervention française à Rome décidée pour soutenir le pape Pie IX contre un soulèvement populaire
  • La loi Falloux qui facilite la création dans l’enseignement secondaire d’établissement influencés par l’Église
  • La loi du 31 mai 1850, qui restreint le droit de suffrage. Elle restreint d’un tiers le corps électoral : il faut être inscrit sur une liste précise, et donc ne pas bouger (contre ouvriers).

Le président soigne sa légitimité bonapartiste, avec de nombreux voyages en province, et revendiquant une légitimité populaire et du suffrage universelle. Cela résulte le 2 décembre 1852 par son coup d’État.

III. Reflux et postérités (à compléter)

A. L’impossible unité allemande

À la suite des insurrections, un Parlement est élu à Francfort, de mai 1848 à avril 1849. Se pose alors la question pour l’unification allemande de la « Petite » ou « grande » Allemagne. Les débats du parlement de Francfort sont d’autant plus compliqués avec la présence de mouvement radicaux au sud.

Le Parlement propose à Frédéric-IV le titre de monarque. Il refuse, du fait des affrontements que cela pourrait causer avec l’Autriche. Il préfère remettre à plus tard le projet d’unification allemande dans la « reculade » d’Olmütz en novembre 1850.

B. La reprise en main autrichienne

L’empire autrichien est tiraillé par des revendications nationales. Dans la plupart des provinces de l’Empire, des nationalistes revendiquent leur indépendance face à Vienne. Par exemple, à Prague, un « congrès Slave » se réunit en juin 1848. On retrouve cela en Roumanie et en Croatie dans les premiers mois de 1848. Très rapidement, Vienne choisit la politique de répression, avec l’aide de la Russie pour réprimer le mouvement Hongrois. Cependant, Ferdinand Ier abdique, et cède son trône à François-Joseph, qui sera au pouvoir jusqu’en 1914.

Le soulèvement hongrois prend un tournant indépendantiste. Vienne va utiliser l’hostilité des Croates , et Serbes et des Slaves vis-à-vis des Magyars (Hongrois) à son avantage dans la répression. Les troupes russes aident à l’écrasement hongrois, jusqu’à la capitulation du 13 août 1849. Le comte Batthyány, figure symbolique du mouvement est exécuté le 6 octobre 1849.

C. L’Italie et la guerre contre l’Autriche

Parallèlement au soulèvement Hongrois, l’Autriche doit faire face à la révolte Italienne. La répression est exercée à Milan par le maréchal Radetzky. La guerre du côté de l’Italie est menée par Charles-Albert contre l’Autriche, à partir du 25 mars 1848. Cela se solde par la défaite de Custoza le 27 juillet 1848.

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désignés sous le terme de « printemps des peuples ». Ils sont au cœur des problématiques du
cours : l’européanisation de la pratique volutionnaire, la contestation de l’empire autrichien et les
luttes et revendications nationales. Ce phénomène touche les masses, urbaines et rurales, et il est
une étape cruciale dans la politisation des sociétés européennes.
Le syllabus regroupe deux regards sur la Révolution.
G. Flaubert, vingt ans après la révolution, observe les événements de 1848 dans Léducation
sentimentale, la chute de la monarchie, et montre comment les acteurs politiques se positionnent
face à cette conjecture. Il montre l’importance des clubs et de la discussion politique.
K. Marx, à chaud, analyse les possibilités de la révolution de 1848 comme répétition de 1789 et
regarde la possibilité d’une révolution prolétarienne. Elle n’arrive pas selon lui, car les
volutionnaires reprennent les codes bourgeois et ne se revendiquent pas comme classe
prolétaire.
Ces événements font l’objet de nombreux débats intellectuels, pour comprendre et donner sens à
la simultanéité des révolutions en Europe. Pour les conservateurs, 1848 se caractérise par un
phénomène de contagion. Une autre interprétation est celle de l’imitation du processus
volutionnaire à Paris. La plupart des historiens mettent plutôt l’accent sur la circulation et la
réappropriation des révolutions selon les pays.
I. Une vague révolutionnaire européenne
A. Les motifs de contestation
Les origines de la contestation
Les années 1845-1847 sont marquées par une crise économique et sociale en Europe, avec de
mauvaises récoltes. Certaines populations rurales forment des émeutes « de subsistance ». En
Autriche, elles s’opposent au système de servage, qui aggrave leur situation.
Il y a une crise financière chez les États, qui choisissent d’augmenter leur impôts sans pour autant
faire des concessions politiques pour obtenir ces changements.
Les années 1840 se caractérisent par la présence de revendications libérales dans les monarchies
absolues. Les mouvements nationaux touchent plusieurs pays, notamment sous la coupe de
l’empire autrichien.
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