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Commentaire La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette-Ce fut comme une apparition

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Année académique : 2021/2022
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Lycée général et technologique Thiers

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Voici un commentaire rédigé largement inspiré de l’édition Classico Lycée La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette " Ce fut comme une apparition"

Texte (pages 58-59) ll parut alors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde, et l’on doit croire que c’était une beauté parfaite, puisqu’elle donna de l’admiration dans un lieu où l’on était si accoutumé à voir de belles personnes. Elle était de la même maison que le vidame de Chartres, et une des plus grandes héritières de France. Son père était mort jeune, et l’avait laissée sous la conduite de madame de Chartres, sa femme, dont le bien, la vertu et le mérite étaient extraordinaires. Après avoir perdu son mari, elle avait passé plusieurs années sans revenir à la cour. Pendant cette absence, elle avait donné ses soins à l’éducation de sa fille ; mais elle ne travailla pas seulement à cultiver son esprit et sa beauté, elle songea aussi à lui donner de la vertu et à la lui rendre aimable. La plupart des mères s’imaginent qu’il suffit de ne parler jamais de galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner : Madame de Chartres avait une opinion opposée ; elle faisait souvent à sa fille des peintures de l’amour ; elle lui montrait ce qu’il a d’agréable, pour la persuader plus aisément sur ce qu’elle lui en apprenait de dangereux ; elle lui contait le peu de sincérité des hommes, leurs tromperies et leur infidélité ; les malheurs domestiques où plongent les engagements ; et elle lui faisait voir, d’un autre côté, quelle tranquillité suivait la vie d’une honnête femme, et combien la vertu donnait d’éclat et d’élévation à une personne qui avait de la beauté et de la naissance ; mais elle lui faisait voir aussi combien il était difficile de conserver cette vertu, que par une extrême défiance de soi-même, et par un grand soin de s’attacher à ce qui seul peut faire le bonheur d’une femme, qui est d’aimer son mari et d’en être aimée. Cette héritière était alors un des grands partis qu’il y eût en France ; et, quoiqu’elle fût dans une extrême jeunesse, l’on avait déjà proposé plusieurs mariages. Madame de Chartres, qui était extrêmement glorieuse, ne trouvait presque rien digne de sa fille. La voyant dans sa seizième année, elle voulut la mener à la cour. Lorsqu’elle arriva, le vidame alla au-devant d’elle ; il fut surpris de la grande beauté de mademoiselle de Chartres, et il en fut surpris avec raison : la blancheur de son teint et ses cheveux blonds lui donnaient un éclat que l’on n’a jamais vu qu’à elle ; tous ses traits étaient réguliers, et son visage et sa personne étaient pleins de grâce et de charmes

Commentaire La présentation de l’héroïne est un moment attendu par le lecteur. Il s’agit d’un passage important. (Amorce) Dans La Princesse de Clèves de Mme de La Fayette qui a été d’abord publié en 1678 de manière anonyme, la présentation du personnage éponyme est retardée. (Présentation de l’œuvre on voit bien ici le lien avec l’amorce = présentation du personnage). Elle se situe après une galerie de portraits historiques : le narrateur a présenté de nombreux membres de la cour et a mis en avant leurs qualités. L’arrivée de Melle de Chartres est ensuite décrite comme un événement considérable et son portrait laisse présager un destin exceptionnel. (situation de l’extrait dans l’œuvre) Nous nous demanderons donc en quoi la première apparition de Mademoiselle de Chartres est originale. (Problématique) Nous montrerons qu'elle est présentée comme une incarnation de la perfection et qu’elle a reçu de sa mère une éducation

irréprochable. Nous verrons enfin que ce portrait possède une dimension annonciatrice. (annonce du plan)

Le narrateur brosse un portrait très élogieux de Mlle de Chartres. Nous pouvons remarquer le caractère hyperbolique de ce portrait grâce aux termes mélioratifs employés pour décrire la jeune femme : «une beauté» (l. 213), «une beauté parfaite» (l. 214), «une des plus grandes héritières de France» (l. 217), «un des grands partis» (l. 239), «la grande beauté» (l. 244), «un éclat» (l. 246), «pleins de grâce et de charmes» (l. 248). De plus les nombreuses occurrences du terme «beauté» et la répétition de l’adjectif «grand» participent à donner au portrait une tournure hyperbolique. Le narrateur crée un effet d’insistance sur l’apparence physique de la jeune femme qui atteint la perfection amplifie ainsi toutes les qualités de la jeune femme. La dimension sociale du personnage est mise en avant dans ce portrait. Mlle de Chartres est issue d’une illustre famille de l’époque, d’où Les expressions qui font référence aux origines illustres de Mlle de Chartres : «Elle était de la même maison que le vidame de Chartres» (l. 216-217), «une des plus grandes héritières de France» (l. 217), «un des grands partis qu’il eût en France» (l. 239-240). Le narrateur insiste sur les origines de Mlle de Chartres pour montrer au lecteur l’importance de cette information dans le contexte de l’époque. La jeune femme est issue d’une famille aisée comme le prouve l’expression «une des plus grandes héritières». Le narrateur précise également que la richesse de la jeune femme la rend d’autant plus désirable : «un des grands partis», et représente une union avantageuse. Au-delà de la perfection physique, le narrateur insiste également sur les qualités morales de la jeune femme. En effet, Mlle de Chartres a reçu une éducation qui lui a permis de «cultiver son esprit et sa beauté» (l. 222-223). On constate ici que le narrateur place sur le même plan les qualités physiques et morales de la jeune femme. Ainsi, Mme de Chartres ne s’est pas contentée de la beauté de sa fille, elle a également formé son esprit. Mlle de Chartres est donc une jeune femme intelligente, mais aussi vertueuse. Sa mère l’a élevée dans le respect de certains principes et lui a inculqué des valeurs morales: «elle songea aussi à lui donner de la vertu et la lui rendre aimable» (l. 223-224). Mme de Chartres s’est donc chargée de développer la réflexion de sa fille et lui a donné un certain nombre de repères moraux pour guider sa conduite. Ainsi, la jeune femme incarne une forme de perfection grâce à ses multiples atouts. Mais l’auteur accorde également une importante prépondérante à son éducation.

En effet, le narrateur semble présenter l’éducation de Melle de Chartres comme une éducation irréprochable. On remarque tout d’abord, qu’à travers le portrait mélioratif de Mlle de Chartres transparaît également l’éloge de sa mère. En effet, c’est elle qui s’est chargée de l’éducation de sa fille et qui lui a donc transmis ses valeurs. Tout d’abord, Mme de Chartres est décrite comme une femme méritante car elle s’est retrouvée seule pour élever sa fille après la mort de son époux. Elle a décidé de vivre retirée de la cour pour l’éduquer. Ce choix montre une certaine sagesse, ainsi que l’attachement à son époux puisqu’elle respecte un long deuil. Mme de Lafayette emploie également des termes mélioratifs pour décrire Mme de Chartres, «dont le bien, la vertu et le mérite étaient extraordinaires» (l. 219). Cette énumération de qualités confirme la perfection morale de cette femme qui semble irréprochable. Après en avoir dressé un

sort d’un cadre protecteur et va être plongée dans les méandres des intrigues de cour. Enfin, la seule connaissance de la cour lui vient de sa mère, or celle-ci lui a montré les dangers de l’amour. Nous l’avons dit, Mme de Chartres considère que le bonheur d’une femme repose sur l’amour conjugal. Les conseils qu’elle donne à sa fille sont annonciateurs des obstacles que l’héroïne va rencontrer. En effet, Mme de Chartres conseille à sa fille de rester éloignée des «engagements» (l. 231), qui ne lui apporteront que des «malheurs» (l. 230). Ce premier conseil est annonciateur des obstacles que l’héroïne va rencontrer car elle sera très rapidement confrontée à son amour pour le duc de Nemours. De même, Mme de Chartres conseille à sa fille d’avoir «une extrême défiance de soi-même» (l. 236). Or, cette dernière va lutter tout au long du roman contre ses propres sentiments. Enfin, le principe «d’aimer son mari et d’en être aimée» (l. 237-238) restera pour l’héroïne une source de souffrance. Alors que le prince de Clèves lui voue un amour sincère et constant, la princesse n’éprouvera jamais un tel sentiment à son égard.

Le portrait de Melle de Chartres met en avant ses nombreuses qualités et montre l’éducation rigoureuse que sa mère lui a inculquée. Le lecteur pressent , avec l’arrivée de ce personnage, que l’action va se concentrer sur son destin. La perfection morale et physique de Melle de Chartres évoquée par le narrateur suscite inévitablement la curiosité des membres de la cour et du lecteur. Ce portrait peut être considéré comme le premier moment clé du récit, car c’est à partir de l’arrivée de Melle de Chartres que les péripéties vont s’enchaîner. Synthèse du commentaire, dans l’idéal, il faudrait une ouverture.

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" Ce fut comme une apparition"
Texte (pages 58-59)
ll parut alors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde, et l’on doit croire
que c’était une beauté parfaite, puisqu’elle donna de l’admiration dans un lieu l’on
était si accoutumé à voir de belles personnes. Elle était de la même maison que le
vidame de Chartres, et une des plus grandes héritières de France. Son père était mort
jeune, et l’avait laissée sous la conduite de madame de Chartres, sa femme, dont le bien,
la vertu et le mérite étaient extraordinaires. Après avoir perdu son mari, elle avait passé
plusieurs années sans revenir à la cour. Pendant cette absence, elle avait donné ses soins
à l’éducation de sa fille ; mais elle ne travailla pas seulement à cultiver son esprit et sa
beauté, elle songea aussi à lui donner de la vertu et à la lui rendre aimable. La plupart
des mères s’imaginent qu’il suffit de ne parler jamais de galanterie devant les jeunes
personnes pour les en éloigner : Madame de Chartres avait une opinion opposée ; elle
faisait souvent à sa fille des peintures de l’amour ; elle lui montrait ce qu’il a d’agréable,
pour la persuader plus aisément sur ce qu’elle lui en apprenait de dangereux ; elle lui
contait le peu de sincérité des hommes, leurs tromperies et leur infidélité ; les malheurs
domestiques plongent les engagements ; et elle lui faisait voir, d’un autre côté, quelle
tranquillité suivait la vie d’une honnête femme, et combien la vertu donnait d’éclat et
d’élévation à une personne qui avait de la beauté et de la naissance ; mais elle lui faisait
voir aussi combien il était difficile de conserver cette vertu, que par une
extrême défiance de soi-même, et par un grand soin de s’attacher à ce qui seul peut faire
le bonheur d’une femme, qui est d’aimer son mari et d’en être aimée.
Cette héritière était alors un des grands partis qu’il y eût en France ; et, quoiqu’elle fût
dans une extrême jeunesse, l’on avait déjà proposé plusieurs mariages. Madame de
Chartres, qui était extrêmement glorieuse, ne trouvait presque rien digne de sa fille. La
voyant dans sa seizième année, elle voulut la mener à la cour. Lorsqu’elle arriva, le
vidame alla au-devant d’elle ; il fut surpris de la grande beauté de mademoiselle de
Chartres, et il en fut surpris avec raison : la blancheur de son teint et ses cheveux blonds
lui donnaient un éclat que l’on n’a jamais vu qu’à elle ; tous ses traits étaient réguliers, et
son visage et sa personne étaient pleins de grâce et de charmes
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La présentation de l’héroïne est un moment attendu par le lecteur. Il s’agit d’un
passage important. (Amorce) Dans La Princesse de Clèves de Mme de La Fayette qui a été
d’abord publié en 1678 de manière anonyme, la présentation du personnage éponyme
est retardée. (Présentation de l’œuvre on voit bien ici le lien avec l’amorce =
présentation du personnage). Elle se situe après une galerie de portraits historiques : le
narrateur a présenté de nombreux membres de la cour et a mis en avant leurs qualités.
L’arrivée de Melle de Chartres est ensuite décrite comme un événement considérable et
son portrait laisse présager un destin exceptionnel. (situation de l’extrait dans l’œuvre)
Nous nous demanderons donc en quoi la première apparition de Mademoiselle de
Chartres est originale. (Problématique) Nous montrerons qu'elle est présentée comme
une incarnation de la perfection et qu’elle a reçu de sa mère une éducation