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L Antiquité dans les Poèmes de Baïf (syntèse définitive)

Antiquité
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Antiquité

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Université de Liège

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Faculté de philosophie et lettres

Année académique 2013-

Explication approfondie d'auteurs français de 1350 à 1600

Mme Henrard Nadine (titulaire)

Mlle Werner Anne-Catherine (assistante)

L'Antiquité dans les Poemes de Jean-Antoine de Baïf:

liens et influences

BRUNETTO Manon ; COLLARD Erika ; GAVAGE Aline ; GOHY Jordane

- L'Antiquité dans les Poemes de Jean-Antoine de Baïf -

I. L'auteur

Jean-Antoine de Baïf naît en 1532 à Venise et meurt en 1589 à Paris. Son père, Lazare de Baïf (sa bonne connaissance du grec et du latin influence fortement ses choix quant à l'éducation de son fils), occupe la fonction d'ambassadeur de François 1er et arrive à Venise en 1529 (il obtient cette fonction grâce au cardinal Jean du Bellay). En ce qui concerne sa mère, celle-ci reste inconnue encore aujourd'hui (plusieurs auteurs ont émis des hypothèses selon lesquelles elle appartiendrait à une grande famille vénitienne).

En février 1534, Lazare de Baïf retourne en France (pour occuper la fonction de conseiller au Parlement de Paris) et, un peu plus tard, il place son fils entre les mains de deux précepteurs : Charles Estienne et Ange Vergèce. Ceux-ci doivent respectivement initier l'enfant aux rudiments du latin et du grec. Par la suite, Lazare se voit obligé de partir pour l'Allemagne (il s'agit d'une mission royale qu'il ne peut refuser) et, puisqu'il ne peut assurer l’éducation de son fils, il le confie cette fois à Jacques Toussain qui s’applique particulièrement à l’étude du grec (sous la direction de Guillaume Budé).

Mais, en 1547, Jean-Antoine de Baïf est confié à Jean Dorat. C'est à ce moment qu'il rencontre Ronsard, qui a vingt ans, alors que Baïf n'en a que douze. Dorat leur enseigne le latin et le grec mais aussi l'admiration des Italiens tels que Dante, Pétrarque et l'Arioste. Et, l’instruction de Ronsard ayant été fort négligée, c'est Baïf qui va lui servir de guide (puisqu'il est mieux préparé aux difficultés des langues antiques grâce à son éducation précoce). Les deux élèves deviendront très vite amis et le resteront jusqu'à leur mort. Néanmoins, ils se brouilleront pendant un an (aux environs de 1555) pour des raisons qui restent floues (dans un de ses sonnets des Amours de Francine , Baïf supplie Ronsard de le pardonner sans plus de précisions mais, apparemment, cette dispute aurait eu lieu car Baïf avait critiqué son ami dans l'un de ses poèmes). Une fois son éducation terminée, il devient le « docte » Baïf, il connaît parfaitement les sciences ainsi que la langue grecque et latine (et ce, aussi bien que sa langue maternelle).

Lazare de Baïf meurt en novembre 1547 et c'est à partir de ce moment que son fils commence à s'impliquer dans le monde de la poésie. En 1551, il fait la connaissance de Muret (un professeur au Collège du cardinal Lemoine) chez qui sont organisées des rencontres avec leurs amis communs : Ronsard, Jodelle et Nicolas Denisot. Bientôt, l'ajout de Belleau à leur groupe marque la formation de la « nébuleuse » de la Brigade (que nous appellerons bien plus tard la Pléiade).

En effet, Jean-Antoine de Baïf est un des membres de la Pléiade. Ces derniers sont réunis autour de leur envie d’écrire une grande poésie nationale qui servirait à illustrer la langue française. Ils sont au nombre de dix : Ronsard, Du Bellay, Jodelle, Baïf, Peletier,

- L'Antiquité dans les Poemes de Jean-Antoine de Baïf -

proverbes de 1581. Par ailleurs, il écrit des Chansonnettes et Les Saisons et les Fleurs , mais aussi un sonnet sur le massacre de la Saint-Barthélemy qui sera très célèbre. De plus, il publie les Météores en 1567, œuvre pour laquelle il s'inspire des Géorgiques de Virgile.

En ce qui concerne les Poemes , Jean-Antoine de Baïf y regroupe ses textes écrits entre 1544 et 1572. Cette section est composée de neuf livres qui contiennent chacun, à l’origine, une trentaine de folios dont le contenu contribue à définir leur genre. Les livres se présentent comme suit :

  • le premier concerne la connaissance spirituelle de l’immense nature,
  • le second la vie poétique,
  • le troisième la vie dans la cité,
  • le quatrième les divertissements et plaisirs de la vie sociale,
  • le cinquième la vie littéraire de la génération précédente,
  • le sixième consiste en un Hymne à Vénus (il s'agit d'un épithalame sur l’amour),
  • le septième concerne les rites et cérémonies célébrées par le poète,
  • le huitième se concentre sur la fonction du poète de conseiller des Grands
  • le dernier livre consiste en un récapitulatif sur le rôle social du poète qui doit prêter sa voix au peuple afin de louer les Grands.

III. La forme de la poésie de Baïf

a) Les genres

Il n'est pas faux de dire que Jean-Antoine de Baïf est un poète qui a pratiqué tous les genres en vogue à son époque sans s'être spécialisé dans l'un d'eux en particulier. Son œuvre est très diversifiée bien qu’essentiellement en vers. Il s'essaya d'abord à la poésie amoureuse à la façon des Italiens ( Les Amours de Francine et de Méline ) et, comme tout poète du XVIe siècle, aux épigrammes ainsi qu'à la poésie bucolique (même si ce genre commençait à s'épuiser). Il écrit des sonnets et des odes, genres les plus nobles selon la Deffence de Joachim Du Bellay, mais aussi des poèmes lyriques plus familiers, en passant par une poésie érotique. Il écrit également des blasons (genre rejeté par la Deffence car pratiqué par Clément Marot).

Conformément aux idées de la Pléiade, Baïf imite et reprend des auteurs antiques tels que Virgile et Ovide, et s'illustre dans divers genres antiques :

  • l'epyllion : genre populaire, brève épopée en hexamètres mettant en scène un personnage mythique et ses amours,
  • l'ode : poème lyrique antique en strophes,
  • l'épithalame : chant en l'honneur d'un mariage avec recherche d’une mise en scène par l’apparition de personnages mythiques,
  • la poésie didactique : poésie savante, intellectuelle visant à instruire,
  • l'églogue : ou poésie pastorale,

- L'Antiquité dans les Poemes de Jean-Antoine de Baïf -

  • la poésie gnomique : vers sous forme de sentence ou maxime.

Il ne faut pas croire que ces genres sont choisis au hasard, ils font partie des genres pratiqués dans l'alexandrinisme, une école poétique antique. En effet, Baïf se considère avant tout comme un poète alexandrin de par ces genres et sujets de prédilection. La poésie alexandrine est une poésie érudite antique, du IIIe et IIe siècle ACN, amenée par de nouveaux poètes grecs venant surtout d'Alexandrie tels que Callimaque et Apollonios de Rhodes. Ils ne pratiquent que des genres courts tels que l'epyllion, l'épigramme, l'élégie (poème lyrique aux sujets variés et teintés de mélancolie) ou l'idylle ("Petit poème du genre bucolique ou pastoral, proche de l'églogue, qui a pour sujet les amours des bergers » 1 ) qui ont comme sujets des légendes mythologiques, des scènes de la vie champêtre, et proposent des descriptions de paysages ou d'animaux. Par la même occasion, ces poètes inventent de nouveaux types de vers et dictent des règles plus rigoureuses en matière de versification. Les poèmes de Baïf sont en grande partie des poèmes narratifs dans lesquels il insère des modèles de description empruntés aux Alexandrins. De par sa sympathie pour ces derniers, Baïf montre son côté humaniste, il reprend leur mythologie, leur tradition ou invente des mythes à la manière antique.

b) La versification

Baïf se préoccupe beaucoup de la versification et de la métrique, plus que ses confrères de la Pléiade. Il cherche sans cesse à innover en variant les mètres et les rythmes. Il crée des vers, en transforme certains comme l'hexamètre (mètre antique) d'un epyllion qu'il change en heptamètre dans Le Laurier afin de lui donner un rythme correspondant au sujet traité. Il a un penchant pour la musique et joue donc avec le rythme de ses poèmes qui étaient parfois destinés à être chantés.

Mais encore, s'il ne s'est pas illustré dans un genre spécifique, nous lui devons tout de même la création d'un vers qu'il a appelé « baïfin », l'amorce de l'utilisation de l'alexandrin et de l’alternance des rimes féminines et masculines (caractéristique que la Pléiade croyait antique), l'invention des vers mesurés et l'instauration d'une écriture phonétique facilitant la rythmique. En effet, après avoir utilisé le décasyllabe pour ses poèmes narratifs, il lui préférera, ainsi qu'à l'octosyllabe, l'alexandrin pour les poèmes plus longs. Or, ce vers, bien qu'il était déjà ancien, était peu pratiqué et avec prudence à cette époque. Même si cette utilisation est plutôt attribuée à Ronsard, c'est Baïf qui fut l'un des premiers à l'insérer dans ses sonnets. Depuis, il est le vers attitré du sonnet. Le vers baïfin, quant à lui, n'est pas une de ses plus grandes innovations et Baïf lui- même n'y accordait que peu d'importance, ne l'utilisant que dans trois de ses poèmes. L'alexandrin lui semblant trop figé, il l'allongea de quelques pieds afin de donner au vers

1 "Idylle", sur Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales. URL: cnrtl/definition/Idylle (13/03/2014)

- L'Antiquité dans les Poemes de Jean-Antoine de Baïf -

b) Orphée et Baïf

Dans plusieurs de ses poèmes, Baïf fait l’éloge d’Orphée. Par exemple, dans son poème Muses , il reprend le mythe des Argonautes en mélangeant le récit de l’expédition et l’éloge d’Orphée. Il décrit ce dernier comme le maître de la nature, le premier des poètes, le musicien détenteur des secrets divins immortalisant les sujets par ses chants. L’originalité de Baïf se trouve dans son invention d’un Orphée vieillard, marqué par sa vocation et qui aspire au calme. Il le considère comme un patron de par ses chants et ses exploits (puisqu'il est parvenu à sortir des enfers). Orphée, tout comme les Muses, reflète la fonction même du poète et donc la fonction propre de Baïf, fonction qu'il cherche à valoriser au travers de ses différents écrits. Avec Les présages d’Orpheus sur les tremblements de terre , il prétend traduire un texte attribué à Orphée (or c'est un personnage mythique). Grâce à cette œuvre, Baïf montre toute l’influence d’Orphée sur les lettrés de l’époque.

c) Le vocabulaire employé par Baïf

C'est également par son choix de vocabulaire que Baïf se rapproche de l’Antiquité. En plus de tous les noms de personnages appartenant à la mythologie gréco-latine, nous trouvons toute une panoplie d’expressions issues du lexique d’auteurs antiques comme Homère. Baïf insère également des latinismes qui viennent préciser le sens d’un mot employé. Il utilise aussi énormément le registre se référant à la nature pour faire des tableaux très réalistes de scènes dans un cadre naturel, ainsi qu’un vocabulaire ayant attrait à la poésie pour illustrer le rôle du poète.

d) Les dédicaces

Les Amours de Baïf ne furent pas un grand succès, et ce principalement à cause de son manque de dédicaces. C’est pourquoi toutes ses œuvres postérieures sont dédicacées à une personne de haute fonction, que ce soit le roi Charles IX, sa mère Catherine de Médicis ou d’autres personnalités du gouvernement qui le soutiennent dans ses activités. Parfois, le poème est pourvu d'une dédicace simple mais, à d’autres moments, le destinataire est impliqué dans le poème.

V. Baïf et la Pléiade

Il ne serait pas incorrect de dire que Baïf entretient un rapport ambigu avec la Pléiade, surtout en ce qui concerne la question du respect (ou non-respect) des idées énoncées dans la Deffence de Joachim Du Bellay. Baïf pratique les genres valorisés par le groupe mais s'essaie aussi à des genres rejetés par celui-ci, des genres tels que le blason (forme pratiquée notamment par Marot). Cependant, les formes antiques ainsi que la mythologie sont au centre de sa poésie et il adapte des textes de grands auteurs de

- L'Antiquité dans les Poemes de Jean-Antoine de Baïf -

l'Antiquité comme Ovide, conformément à la tendance de la Pléiade. Et, en ce qui concerne ses innovations en matière de vers, elles peuvent être considérées soit comme conformes, soit comme défavorables aux conceptions de la Deffence , selon le point de vue. En effet, soit nous considérons que les innovations sont là pour pousser la langue française à sa perfection, soit nous estimons qu'elles ne respectent pas les formes antiques. Dans ce dernier cas, la poésie de Baïf serait défavorable aux idées de Du Bellay. En conclusion, nous pouvons avancer l'hypothèse que Baïf est un poète en marge de son groupe, la Pléiade.

VI. Conclusion

Jean-Antoine de Baïf nous offre une œuvre extrêmement diversifiée quant aux formes pratiquées, même si essentiellement en vers ; il ne se spécialise cependant dans aucun genre en particulier. L’analyse de ces trois extraits nous a permis de mettre en évidence les nombreux emprunts thématiques au registre antique présents dans ses poèmes ; ce phénomène d’attirance pour l’Antiquité touche bon nombre de poètes contemporains de Baïf; il n’opère cependant aucun emprunt à l’Antiquité pour ce qui est de la versification. Ajoutons que Baïf peut être qualifié de poète de l’image : il manifeste un goût prononcé pour les figures de style telles que les métaphores.

Dans son rapport à la Pléiade, l’auteur revêt un rôle ambigu : les idées développées par le groupe sont respectées dans les grandes lignes, mais Baïf les adaptera parfois, s’écartant quelque peu des préceptes élaborés par ses amis.

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