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Explication linéaire Texte 6 Les Fausses Confidences, Marivaux, acte 2 scène 13

Analyse Oral Français Commentaire linéaire
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Français

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Bac Général

Première
Année académique : 2021/2022
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Lycée - France

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Explication linéaire Texte 6 : Les Fausses Confidences, Marivaux, acte 2

scène 13

I – Araminte demande à Dorante d9écrire au comte qu9elle l9épouse

(De « Araminte, d’un air délibéré : Il n’y en aura aucune », à « procès

douteux »)

Dans la scène précédente, Araminte confie à Dubois à propos de Dorante : « j9ai envie de lui tendre un piège. » C’est justement ce piège qui prend forme sous les yeux du spectateur à la scène 13 de l’acte 2 : Araminte feint de vouloir épouser le comte pour éprouver les sentiments de Dorante.

● La didascalie témoigne de l’« air délibéré » d’Araminte, qui affecte à l’égard de Dorante une détermination indifférente. Ce n’est bien évidemment qu’un « air » qu’elle se donne, soit un masque qu’elle porte pour tenter de faire surgir la vérité des sentiments de Dorante.

Il s’agit bien d’une nouvelle scène de fausse confidence : Araminte ment en confiant son projet de mariage, afin de démêler les sentiments qu’éprouve Dorante pour elle.

● Les ordres à l9impératif qu’elle adresse à son intendant témoignent d’une relation professionnelle hiérarchisée , où Dorante est à son service : « Ne vous embarrassez pas, et écrivez le billet que je vais vous dicter ».

Marivaux s’amuse à renverser les attentes du spectateur et les codes de la comédie, puisque la conversation entre les amants est aux antipodes de la galanterie amoureuse. Ce décalage suscite un effet comique.

Dorante est troublé comme l’indique l 9interrogationEt pour qui, madame? » ) , mais il est contraint de se soumettre aux codes que sa situation professionnelle exige, d’où son interrogation accompagnée d’une adresse poliemadame « )

Araminte explique à Dorante que la lettre annonçant le mariage est « Pour le comte » et a pour but de « le surprendre bien agréablement » car il est parti « extrêmement inquiet «. L’ antithèse « agréablement » / « inquiet », qui évoque les

sentiments du Comte, crée un effet comique car elle reflète aussi la succession d9émotions qu’éprouve Dorante à cette nouvelle.

Araminte lui inflige volontairement une tâche blessante : il doit écrire à son rival, pour lui annoncer qu’il épouse celle qu’il aime « en [s]on nom ».

● L’expression « le petit mot » est une litote cruelle car cette lettre ravage intérieurement Dorante. La comédie légère repose donc sur des procédés sadiques. La fausse confidence suscite de vraies blessures. ● L’adjectif de la didascalieDorante reste rêveur ») pouvait avoir au XVIIIe le sens fort d’« ému ». Dorante est sous le choc.

Araminte l’interpelle, lui imposant son rythme, et l’interroge : « À quoi rêvez-vous? »

À cette question ouverte, Dorante , «toujours distrait. », répond « Oui, Madame » comme si on lui avait posé une question fermée. Sa perte de maîtrise langagière constitue une perte de pouvoir.

La didascalie suivante montre qu’Araminte parle « à part » , de même que Dorante. Cette scène entre deux personnages se déploie donc sur trois plans : le dialogue entre les amants, et le dialogue de chacun avec lui-même, et donc avec le spectateur. Si les personnages se mentent, ils se disent toutefois la vérité lorsqu’ils se parlent à eux- mêmes. Cette double énonciation omniprésente (les répliques des personnages s’adressent aussi au spectateur) fait le charme et la complexité de cette scène galante.

Araminte jouit avec cruauté de ce stratagème amoureux , et commente : « Il ne sait ce qu9il fait ».

Dorante, lui, se croit trompé par Dubois et se lamente : « Ah! Dubois m9a trompé «. Le comique repose sur ces vertigineux entrelacements de mensonges qui se répondent.

L’incapacité de Dorante à trouver du papier (« Madame, je ne trouve point de papier. « ) illustre sa confusion et a un effet comique : elle réduit l’intendant rigoureux au rang d’ incapable valet.

Araminte rejette de nouveau les contestations de Dorante : « Achevez, vous dis-je... » Sa répétition témoigne de son inflexibilité tout en créant une connivence avec le spectateur qui, lui, démêle la situation.

Araminte tente de provoquer la déclaration amoureuse de Dorante par une suite d’interrogations brèves : « Qu9est-ce que cela signifie? Vous trouvez-vous mal? «.

Elle joue à être elle-même troublée, mais le spectateur peut deviner que Dorante la trouble véritablement.

III – Araminte croit que son stratagème a échoué

(De « Je ne me trouve pas bien, Madame » à la fin de la scène 13)

La fausse confidence amoureuse d’Araminte condamne Dorante à cette vraie confidence : « Je ne me trouve pas bien, Madame. »

● La surprise exclamative qu’affecte Araminte a un effet comique : « Quoi! si subitement! cela est singulier. » ● L 8aparté « Le coeur me bat » fait connaître son trouble au spectateur.

Elle tente une dernière fois d’obtenir des aveux en confrontant Dorante à sa maladresse dans deux exclamations comiques qui réduisent Dorante au rang de valet maladroit :

« Voilà qui est écrit tout de travers! Cette adresse-là n9est presque pas lisible. »

Mais c’est la déception qu’elle confesse en aparté. Araminte espérait en effet une confession plus franche. Malgré le trouble certain de Dorante, elle estime que son procédé a échoué comme l’exprime la négation partielle : « Il n 8y a pas encore là de quoi le convaincre. »

Dorante décèle finalement le stratagème amoureux : « Ne serait-ce point aussi pour m9éprouver? » La menteuse semble démasquée par son amant ce qui crée une scène en forme de chiasme comique car celui qui devait être piégé a décelé le piège. Mais les doutes demeurent.

La dernière phrase évoque Dubois : « Dubois ne m9a averti de rien ». L’évocation de l’ingénieux Dubois montre combien Dorante le considère, à raison, comme le metteur en scène principal de l’intrigue amoureuse.

Conclusion

Dans cette scène à la fois comique et galante, la fausse confidence d’Araminte suscite chez Dorante un trouble révélateur de son amour pour elle. Néanmoins, les amants n’ont encore aucune certitude et leurs véritables sentiments restent masqués.

Cette scène 13 de l’acte II est particulièrement savoureuse car Araminte prend le relais du valet Dubois en initiant une fausse confidence pour tromper Dorante. Les personnages se manipulent entre eux pour démasquer la vérité.

Marivaux offre ainsi une pièce où la vérité naît du mensonge , dans une société où les inégalités sociales et les mœurs entravent l’expression sincère de l’amour.

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I – Araminte demande à Dorante d9écrire au comte qu9elle l9épouse
(De « Araminte, d’un air délibéré : Il n’y en aura aucune », à « procès
douteux »)
Dans la scène précédente, Araminte confie à Dubois à propos de Dorante : « j9ai
envie de lui tendre un piège. » C’est justement ce piège qui prend forme sous les
yeux du spectateur à la scène 13 de l’acte 2 : Araminte feint de vouloir épouser le
comte pour éprouver les sentiments de Dorante.
La didascalie témoigne de l’« air délibéré » d’Araminte, qui affecte à l’égard
de Dorante une détermination indifférente. Ce n’est bien évidemment qu’un «
air » qu’elle se donne, soit un masque qu’elle porte pour tenter de faire surgir
la vérité des sentiments de Dorante.
Il s’agit bien d’une nouvelle scène de fausse confidence : Araminte ment en
confiant son projet de mariage, afin de démêler les sentiments qu’éprouve Dorante
pour elle.
Les ordres à l9impératif qu’elle adresse à son intendant témoignent d’une
relation professionnelle hiérarchisée, Dorante est à son service : « Ne
vous embarrassez pas, et écrivez le billet que je vais vous dicter ».
Marivaux s’amuse à renverser les attentes du spectateur et les codes de la comédie,
puisque la conversation entre les amants est aux antipodes de la galanterie
amoureuse. Ce décalage suscite un effet comique.
Dorante est troublé comme l’indique l9interrogation Et pour qui, madame ? » ),
mais il est contraint de se soumettre aux codes que sa situation professionnelle
exige, d’où son interrogation accompagnée d’une adresse polie madame« )
Araminte explique à Dorante que la lettre annonçant le mariage est « Pour le comte
» et a pour but de « le surprendre bien agréablement » car il est parti «
extrêmement inquiet« . Lantithèse « agréablement » / « inquiet », qui évoque les