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LES Colchiques Apollinaire

Matière

Français

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DiplômeClasse

Bac Général

Première
Année académique : 2017/2018
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Université Le Havre Normandie

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Les Colchiques

Poème de Guillaume Apollinaire écrit en 1902 et publié pour la première fois dans "La Phalange" en 1907, puis dans le recueil Alcools en 1913. En somme, Alcools est un recueil de textes poétiques écrits en une dizaine d'années et non classés de façon chronologique. Ainsi l'ordre des poème n'est pas anodin et dans le cas présent, "Les Colchiques" sont précédées de "La Chanson du Mal-Aimé" qui introduit la tonalité du poème. En effet les deux poème ont pour toiles de fond un amour déçu, un amour même toxique puisqu'ici l'être aimé est personnifié en une fleur vénéneuse: la colchique. De plus, c'est à cette même époque qu'il s'est épris d'amour pour Annie Playden, amour sans réciprocité qui va plonger le poète dans un véritable désarroi. Nous pouvons nous permettre une telle interprétation car, comme souvent, chez Apollinaire, la composition poétique coïncide avec une période particulière de son existence. A ce titre, nous pouvons nous demander e n quoi l'évocation de l'automne et de la campagne est-elle propice à la confrontation de deux mondes? Dans un premier temps nous nous attarderons sur le cadre bienveillant suggéré par le poète, puis dans un second temps sur le mal de vivre éprouvé par ce dernier.

Chez Apollinaire, le sentiment d’être mal aimé est constitutif de sa nature même.

II. Le mal de vivre

A- Un tableau mélancolique

"Les Colchiques" dépeint la saison poétique par excellence: l'automne; saison de la nostalgie et de la mélancolie.

«couleur de cerne et de lilas» → mauve, violet → couleur du semi-deuil (après le noir)

les antithèses (v «vénéneux» s'oppose à «joli»; v-11 «mères» s'oppose à «filles»), les comparaisons (v, 6, 10 et 12) et les métaphores (v et 7) idéalisent la femme aimée et placent la souffrance au premier rang des plaisirs d'amour.

La forme même du texte reflète la vie qui quitte lentement le poète: les strophes vont en se réduisant progressivement (7 vers, 5 vers puis 3 vers)

B- La fusion entre la femme et les colchiques

Dans ce poème, la femme est associée à une fleur, la colchique. Or, cette fleur est vénéneuse, c'est un poison.

la fleur présentée comme un poison Les colchiques sont des plantes des prés qui sont un poison violent pour les hommes et les animaux. Le verbe « s’empoisonne » revient deux fois dans le poème. Il existe un autre point de comparaison : c’est la notion de temps pour symboliser la conséquence qui peut être la mort (lentement, tout doucement). La relation se fait autour du verbe empoisonner et de l’adverbe lentement pour insister sur la lenteur des animaux et de la mort. On a un sentiment d’étirement de quelque chose dont on ne voit pas la fin. L’amour ne va t-il pas se défaire avec le temps?

la présence de la ♀

,Le poème d'Apollinaire est un poème lyrique sur un thème que l'on retrouve chez les poètes de la renaissance : Le poète pris au piège du regard de la femme aimée. Le poète et la femme aimée ne sont désignés directement que dans les vers 5 et 7.

Chiasme (reprise "fleurit"/ "fleur" et "cerne" aux deux extrémités), les yeux et la fleur se confondent.

Présence féminine est définie par blason (forme littéraire codifiée consistant en l'éloge d'une partie du corps) ici ses yeux. Une synecdoque est également présente: les "yeux" qualifient la femme toute entière.

L'adverbe "-là" dans "cette fleur-là" exprime une distance entre le poète et la femme désirée

Cette distance apparaît à travers le champ lexical du regard: "cerne", "tes yeux" (x2), "tes paupières". L'évolution "d'yeux" à "paupière" suggère une fermeture et une frontière entre le poète et la femme aimée.

C’est étonnant que la femme soit présente. La présence du regard qui tue et fascine est récurrente chez Apollinaire. La femme est présentée à travers le regard (yeux, paupières). C’est un dialogue à une seule voix, la parole du poète qui s’adresse à la femme aimée. Il y a une construction en miroir : les animaux s’empoisonnent par la fleur et le poète s’empoisonne aussi.

La musicalité du poème est marquée par des sonarités contradictoires: les assonances en [-AN] qui structurent tout le poème sont entrecoupées d'allitération (répétition d'une ou plusieurs consonnes) occlusive [K] et fricative [F] et [V].

Les en f ants de l'école v iennent avec f racas

V êtus de hoquetons et jouant de l'harmonica

Ils cueillent des colchiques qui sont comme des mères

F illes de leurs f illes et sont couleurs de tes paupières

Qui battent comme des f leurs battent au v ent dément

Ce choc des sons et des images créent une poésie de mouvement et de liberté.

(on peut ausssi s'attarder sur la construction du poème, ou, devrais-je dire la déconstruction)

C- Une déconstruction

On ne peut considérer ce poème comme un sonnet car il y a un découpage décroissant qui construit l’effacement des yeux de la femme aimée mais dangereuse. A la fin, il reste simplement le poète dans sa douleur, dans un monde où tout s’éloigne. Le poète dit sa mélancolie en construisant une forme qui se superpose à un sens. C’est donc une attitude moderne. La supression de la ponctuation permet de lire les vers de diverses manière → (implore une) certaine fluidité La forme de l'alexandrin subit des transformations analogues: alors qu'il est employé de manière régulière dans les premiers vers, il se défait ensuite, par exemple aux vers 9, 11 et 14 qui souffrent d'un excès de syllabes. C'est donc tout le poème qui joue sur les formes canoniques,

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personnifié en une fleur vénéneuse: la colchique. De plus, c'est à cette même époque qu'il s'est
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chez Apollinaire, la composition poétique coïncide avec une période particulière de son
existence. A ce titre, nous pouvons nous demander en quoi l'évocation de l'automne et de la
campagne est-elle propice à la confrontation de deux mondes? Dans un premier temps nous
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mal de vivre éprouvé par ce dernier.
Chez Apollinaire, le sentiment d’être mal aimé est constitutif de sa nature même.
II. Le mal de vivre
A- Un tableau mélancolique
"Les Colchiques" dépeint la saison poétique par excellence: l'automne; saison de la nostalgie et
de la mélancolie.
«couleur de cerne et de lilas» → mauve, violet → couleur du semi-deuil (après le noir)
les antithèses (v.1 «vénéneux» s'oppose à «joli»; v.10-11 «mères» s'oppose à «filles»), les
comparaisons (v.5, 6, 10 et 12) et les métaphores (v.4 et 7) idéalisent la femme aimée et placent
la souffrance au premier rang des plaisirs d'amour.
La forme même du texte reflète la vie qui quitte lentement le poète: les strophes vont en se
réduisant progressivement (7 vers, 5 vers puis 3 vers)
B- La fusion entre la femme et les colchiques
Dans ce poème, la femme est associée à une fleur, la colchique. Or, cette fleur est
vénéneuse, c'est un poison.
la fleur présentée comme un poison
Les colchiques sont des plantes des prés qui sont un poison violent pour les hommes et les
animaux. Le verbe « s’empoisonne » revient deux fois dans le poème. Il existe un autre point de
comparaison : c’est la notion de temps pour symboliser la conséquence qui peut être la mort
(lentement, tout doucement). La relation se fait autour du verbe empoisonner et de l’adverbe
lentement pour insister sur la lenteur des animaux et de la mort. On a un sentiment d’étirement
de quelque chose dont on ne voit pas la fin. L’amour ne va t-il pas se défaire avec le temps?