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HDA - NIKI DE Saint Phalle EVA Maria

NIKI DE Saint Phalle EVA Maria, dossier BAC (corrigées par professeur)
Matière

Histoire des arts

39 Documents
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DiplômeClasse

Bac Général

Seconde
Année académique : 2018/2019
Partagé par:
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Université Paris Nanterre

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Aperçu du texte

Niki de SAINT-PHALLE, La mariée ou Eva maria

Niki de SAINT-PHALLE

Sculpture-assemblage

La mariée ou Eva maria , 1963

Grillage, plâtre, dentelle encollée, jouets divers peints

H. 200,0cm ; L. 226,0cm ; l. 100,0cm

Centre Georges Pompidou, Paris, France

Inv. AM 1976-

INTRODUCTION :

L’œuvre présentée a pour titre « La mariée ». C’est une sculpture-assemblage, c’est-à-dire que c’est une sculpture dont le principe est d’assembler divers objets découverts par l’artiste et mis en scène par celui-ci. Elle est conservée au Centre Georges Pompidou à Paris et mesure 200,0 cm de hauteur. Elle a été réalisée par Niki de SAINT-PHALLE, une artiste du XXème siècle (1930-2002) plasticienne, peintre, sculptrice et réalisatrice de films franco-américaine. Elle a d'abord été mannequin, puis mère de famille avant d'aborder l'art en autodidacte. Elle s’est inspirée de plusieurs courants artistique tel que l’art brut et l’art outsider, avant de commencer à peindre en 1952. Elle devient membre du groupe des Nouveaux réalistes en 1961 après l’invitation de Pierre RESTANY, son créateur avec Yves KLEIN en 1960, enthousiasmé par son travail. Niki de SAINT-PHALLE sera la seule femme à en faire partie. De plus, elle réalisera un grand nombre de sculptures-architectures, soit sur commande, soit pour le simple plaisir en 1971 avec son second mari, l'artiste Jean TINGUELY. L’œuvre s’inscrit dans la thématique suivante : « création artistique et pratiques culturelles dans le monde, de 1939 à nos jours : arts et émancipation ». Alors, comment ce qui pourrait être une représentation du mariage et de l’accomplissement du bonheur au féminin est-il détourné en une dénonciation de l’enfermement imposé aux femmes et en un appel à l’émancipation? Dans un premier temps nous verrons que la mariée est enfermée et piégée dans un rôle qui l’aliène. Puis, dans un second temps, nous allons voir que sa taille monumentale est paradoxale.

I. Une mariée enfermée et piégée dans un rôle qui l’aliène

A. Enfermée dans ce qui semble être un linceul

Niki de SAINT-PHALLE a donnée à son œuvre une signification totalement paradoxale avec le sujet qu’elle a décidé de représenter. Le mariage est l’accomplissement de la vie d’un couple et est censée être synonyme de joie et de bonheur. Le mariage est censé représenter le début d’une nouvelle vie, cependant, dans cette sculpture, c’est l’inverse qui nous est communiqué. En effet, la première chose qui saute aux yeux lorsque l’on regarde la sculpture est la couleur blanche. Cette couleur dont l’appellation provient du germanique « blank » qui signifie brillant, clair, sans tache, mais aussi nu, devrait, à première vue, nous faire penser à l’innocence, à la pureté et à la virginité de la mariée nous fait plutôt penser à l’antipode. Originellement, le blanc est la couleur de la mort et du deuil : linceul, suaires, os, dents, crâne, cadavres livides, ... Tous sont blancs et pourtant aucun ne représente ou évoque l’allégresse. On constate donc une réelle contradiction de signification de la couleur blanche, la seule figurante sur l’œuvre. Le choix de Niki de SAINT-PHALLE de n’utiliser qu’une seule et unique couleur nous évoque une vie monotone, ennuyeuse, fade, sans couleur pour la femme. De plus, le voile de dentelle qui est habituellement symbole de finesse, de délicatesse, de légèreté, se voit encollé dans du plâtre ce qui démontre une entrave à la liberté, la femme est emprisonnée dans un carcan. C’est comme si, sous son voile elle se retrouve une certaine naïveté vis-à-vis du mariage qui se détruit dès le voile retiré. Également, les divers et multiples objets peints en blanc symbolisent la soumission de la femme à la société de consommation. Il n’y a plus de distinction entre la robe de la mariée et les objets : ils se fondent dans la robe. La femme se transforme et devient aussi un objet en quelque sorte. Par ailleurs, le titre Eva Maria à une connotation religieuse. Eva renvoie à « Eve » la femme d’Adam et Maria à « Marie » la mère de Jésus-Christ. Cette référence religieuse censé apporter encore plus de pureté à la sculpture ne fait, ici, que lui rajouter le poids des traditions religieuses et de la condition des femmes.

proportions de la tête sont ridicules en comparaison à celle du corps qui sont monumentale (plus de deux mètres).

On a un fort paradoxe de dimension entre la taille dominante du corps et celle de sa tête. Ça taille imposante nous montre que la femme existe, qu’elle est présente et non invisible. Elle nous montre une certaine puissance émanent de la femme a contrario de la représentation de sa tête légèrement penchée sur le côté qui indique la souffrance et le renoncement. En effet, son visage est étriqué. Cette étriquement nous montre que la femme est enfermée dans son corps, elle est emprisonnée à l’intérieur et n’a plus de liberté. Son esprit subit les choix de son corps. Elle est cachée derrière ce dernier, c’est comme si son âme et son esprit étaient inexistants. Ce paradoxe peut être interprété dans le sens où la femme est un corps et non une personne à part entière. Son esprit est présent mais est enfermée dans un corps contrôlé par autrui. De plus, le visage triste qu’aborde Eva maria peut être interprété comme équipollente au fait que le mariage n’est pas synonyme de bonheur mais de tristesse, de souffrance, d’enfermement, d’absence de libre-arbitre.

II. Une monumentalité paradoxale

A. L’écrasement des femmes

Les dimensions monumentales de l’œuvre (2 mètres de haut) sont à première vue symbole de la force, de la puissance de la femme. Seulement, elles sont aussi symbole de leurs écrasements : elles croulent sous le poids de toutes les contraintes qui pèsent sur elle (la femme ne travaille pas, elle est dépendante de l’homme, c’est elle qui doit s’occuper des enfants, ...). Ses épaules très larges accentuent cet effet de pesanteur, c’est comme si elle portait tout le poids des contraintes sur elles comme expliqué plus tôt : elles doivent assumer des rôles très lourds alors qu’en retour elles n’ont que peu de droit. En effet, le droit de vote n’est accordé aux femmes qu’en 1945, c’est seulement en 1965 qu’elles obtiennent celui de pouvoir ouvrir seule un compte bancaire et peuvent travailler sans avoir obligatoirement l’accord de leurs maris et, en 1985 une égalité de gestion du patrimoine entre l’époux et l’épouse est désormais possible. A travers ses contraintes, Nikki de SAINT PHALLE c’est aussi inspiré de sa propre vie. Elle-même mariée et mère très jeune afin d’échapper à sa famille, elle s’est vite sentie enfermée dans ce rôle de femme et a donc décidé de quitter le foyer familial. Par cette monumentalité, elle va donc dénoncer l’énormité du fardeau qui entrave les femmes.

B. Une monumentalité revendicative

A travers cette monumentalité, on distingue également une dimension revendicative vis-à-vis de la femme. Avec cette taille, Nikki de SAINT PHALLE rend la femme visible, elle l’impose dans une société ou l’autorité familiale appartient toujours au père et où la femme est toujours au foyer afin de s’en occuper. Par cette traille monumentale, elle va revendiquer leurs importances, nous faire savoir que leurs rôles ne se réduit pas seulement à ça, qu’elles doivent enfin prendre la place qui leur revient de droit. Par ailleurs, la plupart des sculptures Nikki de SAINT PHALLE ont pour but d’être installées dans les espaces publics ce qui accentue et donne plus d’ampleur à ses actions dénonciatrices.

« Je ferai les plus grandes sculptures de ma génération. Les plus grandes et plus puissantes, comme celles des hommes ». Nikki de SAINT PHALLE

III. De La Mariée aux Nanas

Au début des années 1960, les premières femmes sculptées réalisées par l’artiste, tel que Eva Maria, sont synonyme du rôle fataliste de la femme dans la société. Représentée avec un corps affligeant, ces sculptures dénoncent les clichés ainsi que le rôle traditionnellement attribué et subit par la femme dans la société comme nous le prouve La Mariée. Cependant, même si le fond de ces sculptures sont restées identiques au cours du temps, sa représentation de l’émancipation de la femme a évolué. Nikki de SAINT-PHALLE ne l’exprime plus par son enfermement mais, à l’antipode, par la liberté dont elle devrait normalement bénéficiée comme montré par Les Nanas. En effet, cette série de sculpture réalisée vers la fin des années 1960 jusqu’au début des années 1970 sont le symbole par excellence de l’émancipation de la femme. Recouverte d’une constellation de couleurs vives, elles entreprennent des poses festives et effectuent de grand mouvement : elles sont libres, elles ne sont pas enclavées comme Eva Maria. De plus, leurs corps adoptent des formes disproportionnées avec une tête toujours ridiculement petite comparée au reste du corps toujours semblablement à La Mariée. Aussi, leurs formes sont extravagantes. Les Nanas possèdent des formes généreuses, imposantes avec de grosses fesses, de grosses poitrines et de larges hanches. Cette morphologie assez atypique à l’époque de leurs créations permet à Nikki de SAINT-PHALLE de casser les codes de la société et de redéfinir les « normes » du physique dit « idéal » de la femme du XXème siècle. En les représentant de cette façon, elle nous montre des femmes qui s’assument et qui incarnent la féminité. Leurs mouvements et leurs couleurs nous offrent le reflet d’une femme plus exubérante, plus libre, affranchie de toutes violences, de tous sentiment négatif. Elles invitent à la fête.

« Le pouvoir des Nanas est vraiment la seule possibilité. Le communisme et le capitalisme n'ont pas tellement réussi. Je pense que le temps est venu d'une nouvelle société matriarcale. Pensez-vous qu'on mourrait encore de faim dans le monde si les femmes avaient leur mot à dire? »

Niki de SAINT-PHALLE

CONCLUSION :

En définitive, ce qui pourrait être une représentation du mariage et de l’accomplissement du bonheur au féminin est détourné en une dénonciation de l’enfermement imposé aux femmes et en un appel à l’émancipation car, cette mariée, pourvue d’une robe blanche, renferme un mal-être considérable : celui d’une femme asservit aux rôles d’épouse et de mère qui lui sont prédéfinis par la société. Dans son œuvre, Nikki de SAINT-PHALLE fait référence à sa vie. En effet, elle s’est mariée et est devenue mère très jeune et a tout quitté afin d’entamer sa carrière artistique. On peut dire que Eva Maria représente son expérience du mariage et de la maternité dans lesquelles elle s’est sentie enfermée et a voulu s’émanciper de toute ses obligations familiales. Pour conclure, on peut donc dire que La Mariée est un appel à se libérer de ces rôles imposés par la société.

Niki de SAINT-PHALLE a décidé de représenter une mariée, d’où le titre de l’œuvre, afin de montrer l’enfermement de la femme dans le mariage.

« Voyez mes Mariées, elles sont peut-être belles mais aussi douloureuses. Elles témoignent de la condition féminine. Je pense au mariage de ma mère, de mes tantes : c'était un bonheur mais aussi un enfermement. Il n'y avait pas d’émancipation possible en tant qu'être unique, de possibilité́ de faire autre chose que d'être une épouse soumise. » Niki de SAINT-PHALLE, lors de la présentation de l’œuvre

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Niki de SAINT-PHALLE
Sculpture-assemblage
La mariée ou Eva maria, 1963
Grillage, plâtre, dentelle encollée, jouets divers peints
H. 200,0cm ; L. 226,0cm ; l. 100,0cm
Centre Georges Pompidou, Paris, France
Inv. AM 1976-1016
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