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Du Printemps des peuples au retour à l’ordre (1848-1849)

Du Printemps des peuples au retour à l’ordre (1848-1849)
Matière

Histoire contemporaine (LBH2U32)

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Cours no 1

Du Printemps des peuples au retour à l’ordre

(1848-1849)

L’expression « Printemps des peuples » est utilisée pour désigner les mouvements révolutionnaires qui embrasent une grande partie de l’Europe au printemps 1848 et s’étendent jusqu’en 1849. Cette flambée révolutionnaire touche la France et l’Allemagne, mais n’a que de faibles répercussions au Royaume-Uni. Certains États restent complètement à l’écart, à l’instar de la Russie. Néanmoins, les contemporains ont bien eu le sentiment d’assister à un phénomène international. D’ailleurs, si un État tel que la Russie n’est pas touché, il intervient militairement en 1849 dans l’Empire d’Autriche pour écraser la révolte hongroise. À ce titre, il est tout de même fortement impliqué dans les évènements de la période. La diffusion européenne du Printemps des peuples suggère que des forces profondes sont à l’œuvre de part et d’autre du continent, bien au-delà de telle ou telle spécificité nationale. C’est le monde ancien qui est attaqué de Paris à Pest, de Milan à Berlin. Ce monde avait été façonné par le congrès de Vienne qui s’était tenu de novembre 1814 à juin 1815 dans la capitale autrichienne. Les puissances victorieuses de la France napoléonienne (Angleterre, Autriche, Prusse, Russie) avaient voulu y effacer les changements politiques et territoriaux résultant des guerres révolutionnaires et impériales. Aussi la méthode utilisée à Vienne pour réorganiser l’Europe fut celle qui prévalait avant la Révolution française. Selon cette méthode, les États sont la possession des souverains et non pas l’expression de la volonté des peuples. Quant au contenu des politiques mises en œuvre à l’intérieur des États, il tourna généralement le dos aux aspirations libérales. C’est cet ordre incarné par le chancelier autrichien Metternich qui est contesté lors du Printemps des peuples. La contestation prend des caractères différents selon la nature locale des mécontentements.  Plan :

  1. Le fragile succès des républicains français
  2. L’échec des révolutions allemandes → Quant au cas britannique, il sera envisagé ultérieurement dans une séance sur la vie politique au Royaume-Uni : la très basse intensité du Printemps des peuples dans ce pays ne justifie pas un développement comparable à ceux consacrés à la France et à l’Allemagne.

I. Le fragile succès des républicains français

La France est un État-nation rassemblé de longue date par la monarchie capétienne. Cette unité ancienne réalisée par le pouvoir central rend la problématique nationale peu pertinente en 1848 : la France n’est plus à construire, même si certaines ambitions expansionnistes existent encore. Par conséquent, ce qui soulève certains Français contre le roi Louis-Philippe est d’un autre ordre. 2 types d’aspirations se distinguent, ou se superposent :

  • Aspiration démocratique → élargir le suffrage à tous les hommes, sans exclusive.

  • Aspiration sociale → répartir plus équitablement la richesse, notamment en garantissant à chacun un travail.

  1. La fin de la monarchie de Juillet

Le régime en place au début de l’année 1848 est une monarchie née d’une révolution qui se déroula en juillet 1830, ce qui lui a valu son appellation usuelle → monarchie de Juillet. Louis-Philippe est roi des Français depuis cette date. Il gouverne en s’appuyant sur deux Chambres : pairs nommés par le roi / députés élus. Sont électeurs les contribuables de sexe masculin âgés d’au moins 25 ans qui atteignent un seuil d’imposition directe appelé cens = 200 F / an  on parle de suffrage censitaire. S’ajoutent aux électeurs censitaires les électeurs capacitaires → officiers en retraite payant au moins un demi-cens + membres et correspondants de l’Institut payant au moins un demi-cens. En 1847, il y a 241 000 électeurs pour 35,5 millions de Français. La vie politique nationale est donc concentrée entre les mains d’une élite de notables. Cet élitisme est justifié au nom de la nécessaire indépendance d’esprit de l’électeur : riche et instruit, l’électeur est réputé libre et éclairé dans ses choix politiques. L’une des revendications auxquelles le régime de Juillet doit faire face est celle de l’élargissement du suffrage, mais il s’y refuse. Les demandes d’abaissement du cens sont systématiquement repoussées. Suscite la montée d’une opposition politique sur sa gauche. À cette opposition s’ajoutent les conséquences de la grave crise économique qui touche la France depuis 1846, aggravant l’impopularité du régime. Lorsque des incidents se produisent à Paris le 22 février 1848, la garde nationale est appelée mais le rempart du régime fraternise avec la foule et prend fait et cause pour la réforme. Le lendemain, une fusillade éclate et des barricades sont dressées. Le 24 février, Louis-Philippe abdique au bénéfice de son petit-fils, mais les républicains ne veulent pas d’un replâtrage → un gouvernement provisoire est formé. Il est composé en majorité de républicains modérés, à l’instar du poète Lamartine. À l’issue des Journées de février (22- février), la République est proclamée à l’Hôtel de Ville de Paris. Comme une première expérience républicaine a eu lieu entre 1792 et 1804, il s’agit de la Seconde République. La France se rallie très largement à ce nouveau régime – issu d’évènements parisiens – qui s’affirme pacifique et fraternel. Les hommes de 48 ont le sentiment qu’une ère nouvelle de bonheur et de fraternité entre les classes et entre les peuples s’ouvre devant eux. On parle d’ « illusion lyrique » pour désigner cette croyance qui n’est pas généralisée à toute la population.

  1. L’ « illusion lyrique »

Dès le 2 mars 1848, le gouvernement provisoire proclame le suffrage universel. En fait, ce suffrage ne concerne que les hommes âgés d’au moins 21 ans et ayant une résidence stable depuis au moins 6 mois  c’est un suffrage masculin. S’il est appelé universel , c’est parce que pratiquement personne n’envisage sérieusement de donner le droit de vote aux femmes en 1848. Le gouvernement provisoire n’a donc pas conscience de priver les femmes d’un droit qui paraît naturellement dévolu aux seuls hommes ; il a conscience de donner un droit nouveau à des millions d’hommes. Étant donné qu’aucune grande nation européenne n’a encore expérimenté pareil suffrage étendu à tous les hommes, c’est un véritable saut dans l’inconnu. Cette perspective suscite 2 craintes opposées :

  • La gauche craint que les bulletins de vote donnés à des millions de paysans souvent illettrés et soumis à l’autorité des notables locaux ne se retournent contre

  • D’un côté des ouvriers privés de leur maigre revenu et convaincus qu’ils ont été trahis par les républicains bourgeois.

  • De l’autre côté, un pouvoir politique effrayé par le désordre et le non-respect de la légalité républicaine qui voit dans les ouvriers des « partageux » et des bandits. Les Journées de juin 1848 mettent un terme définitif à l’« illusion lyrique ». Un parti de l’Ordre se constitue : il est foncièrement antirépublicain.

  1. L’élection d’un président de la République

Adoptée par l’Assemblée le 4 novembre 1848, la Constitution prévoit l’élection au suffrage universel à 2 instances politiques nationales :

  • La présidence de la République. C’est une nouveauté : sous la Ière République, le pouvoir exécutif avait revêtu un caractère collégial, par crainte d’un pouvoir personnel comparable à celui du roi. La Constitution de 1848 donne au président un mandat de 4 ans non renouvelable immédiatement → la crainte d’un président qui utiliserait les moyens de l’État pour confisquer le pouvoir demeure, mais elle est conjurée par l’impossibilité d’être réélu avant un délai de 4 ans. Le président a des pouvoirs étendus : initiative des lois, nomination et révocation des ministres et des hauts fonctionnaires, direction de la diplomatie et de l’armée. Toutefois, il ne peut dissoudre l’Assemblée législative.
  • L’Assemblée législative, unique et nombreuse, comme pendant la Révolution. → Danger : les 2 institutions tiennent leur légitimité du peuple, mais elles ne peuvent agir l’une sur l’autre en cas de désaccord : pas de responsabilité du président ou du gouvernement devant l’Assemblée / pas de droit de dissolution. Arbitrage impossible. L’élection présidentielle est fixée aux 10-11 décembre 1848. L’un des candidats est le prince Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier et héritier des Bonaparte. Ancien conspirateur en Italie et en France, il a connu l’exil et la prison après deux coups d’État ratés. La révolution de 1848 lui ayant permis de rentrer en France, il se présente au suffrage des Français. Son élection est un triomphe → 74 % des suffrages. Plusieurs facteurs ont joué en sa faveur :
  • Son nom qui rappelle celui de son oncle. Tous les Français connaissent ce nom.
  • Le ralliement de la plus grande partie de la droite à sa candidature.
  • Le fait qu’il ait été étranger à l’impôt des 45 centimes et à la répression du mois de juin.
  • Le vote des paysans que la république citadine a oubliés. → Une fois élu, le président prend pour ministres des membres du parti de l’Ordre comme le comte de Falloux, royaliste, adversaire acharné des ateliers nationaux. La réaction antirépublicaine s’aggrave à la suite des élections pour la désignation de l’Assemblée législative, le 13 mai 1849. Le grand vainqueur de ces élections est le parti de l’Ordre  la République est désormais aux mains de ses adversaires, à l’Assemblée et à l’Élysée où s’est installé le prince-président. Les démocrates modérés sont très affaiblis. Quant au courant le plus à gauche, dit radical, ou montagnard, ou démocrate-socialiste (abrégé en « démoc-soc »), il reste minoritaire mais il inquiète la droite en remportant 35 % des voix et un peu plus de 200 sièges. Alors que les démocrates modérés de février 1848 ne s’intéressaient guère qu’aux citadins, les « démoc-soc » ont su faire des propositions intéressant les ruraux : baisse des impôts, argent à bon marché, fin du remplacement militaire.

II. L’échec des révolutions allemandes

Si l’État-nation français existe de longue date, l’Allemagne, quant à elle, est morcelée. Aussi, les révolutions de 1848 prennent-elles dans cette partie de l’Europe un double caractère :

  • Lutte libérale, voire démocratique contre un ordre intérieur autoritaire.
  • Lutte nationale pour établir une Allemagne unitaire.
  1. La Confédération germanique au début de l’année 1848

Au début de l’année 1848, l’Allemagne est une réalité culturelle, plus que politique. En effet, il n’existe pas une Allemagne unie, mais une union des États allemands rassemblés dans la Confédération germanique ( Deutsche Bund ) → voilà ce dont on parle lorsqu’on dit par commodité « Allemagne ». Cette confédération a été établie en 1815 en remplacement du Saint Empire romain germanique dissous par Napoléon. Elle a pour but de maintenir la sécurité et l’inviolabilité de chacun des États qui la composent et qui gardent leur souveraineté. Ces États sont au nombre de 39 (il y en avait 360 avant les guerres révolutionnaires et impériales) → le morcellement territorial germanique a été réduit mais il subsiste. 2 États dominent la Confédération germanique :

  • Le royaume de Prusse. Souverain : Hohenzollern. Frédéric-Guillaume IV (1840- 1861). Particularité de ce royaume : depuis 1815 il n’est pas d’un seul tenant → à l’est la vieille Prusse / à l’ouest les provinces rhénanes.
  • L’Empire d’Autriche. Souverain : Habsbourg-Lorraine. Particularité : empire multinational dont une grande partie n’est pas germanique et se trouve en dehors de la Confédération → partie comprenant des Hongrois, des Roumains, des Italiens, etc. 2 États de rang intermédiaire se distinguent : le royaume de Bavière au sud, le grand- duché de Bade à l’ouest. Les autres États allemands n’atteignaient pas le million d’habitants en 1815 ; certains rassemblaient moins de 50 000 habitants. Leur souveraineté est fictive. L’organe politique de la Confédération germanique est la Diète fédérale ( Bundestag ). Siégeant à Francfort-sur-le-Main, c’est une assemblée permanente de représentants des États germaniques → ce n’est pas un parlement, mais une assemblée des ambassadeurs de chaque État souverain. La présidence de la Diète fédérale est exercée par l’empereur d’Autriche. Les décisions qui sont prises à Francfort doivent être contresignées par les gouvernements des États membres pour être appliquées. Concrètement, les pouvoirs de la Diète fédérale sont limités.
  1. La structuration des mouvements révolutionnaires (mars-septembre 1848)

La première étincelle révolutionnaire a lieu le 27 février, dans le grand-duché de Bade, à l’annonce des évènements parisiens. Des démocrates (ou radicaux) badois réunis à Mannheim réclament la souveraineté du peuple ainsi que des mesures libérales et sociales. À partir du grand-duché de Bade, la contestation se propage au cours du mois de mars en différentes parties de la Confédération germanique. Un vague de pétitions, de réunions, de manifestations et de soulèvements fait trembler les souverains. À Vienne, la chute de

des différents royaumes allemands. Les démocrates, au contraire, considèrent que la république est le régime le plus susceptible de réaliser l’unité des Allemands.

  1. Faiblesse et échec du mouvement révolutionnaire (octobre 1848-juillet 1849)

Au mois d’octobre 1848, le pouvoir autrichien vient à bout des révolutionnaires à Vienne. Le roi de Prusse passe à son tour à l’action. Il renvoie les ministres libéraux et dissout la diète prussienne élue quelques mois plus tôt. Le reflux commence. D’autres souverains lui emboîtent le pas. Néanmoins, le parlement de Francfort poursuit son travail. Pour quels résultats? La question cruciale à laquelle il doit répondre est celle de l’identité du souverain appelé à prendre la direction de l’Allemagne. 2 hypothèses :

  • La Grande Allemagne ( Grossdeutschland ) = incluant l’Autriche → l’empereur d’Autriche deviendrait l’empereur allemand. Cette solution pose un redoutable problème : quel sort faire à une Autriche multinationale dans un empire dont la raison d’être est de regrouper les Allemands? Le nouvel Empire allemand ne pouvant être uni en même temps à des États non allemands, la monarchie des Habsbourg semblait vouée à la dissolution dans l’hypothèse grande-allemande.
  • La Petite Allemagne ( Kleindeutschland ), excluant l’Autriche et placée sous la direction de la Prusse. Cette hypothèse-là pose un autre problème : les catholiques, nombreux dans le sud et l’ouest de l’Allemagne, ne souhaitent pas se retrouver dans État sous domination prussienne, donc protestante. Ils souhaitent conserver des liens forts avec l’Autriche, elle-même catholique. Initialement, les députés penchent pour la solution grande allemande. Toutefois, le nouveau chancelier autrichien (Schwarzenberg) conçoit cette solution comme un moyen de renforcer la puissance de l’Autriche. Or, pour les députés, l’hypothèse d’une hégémonie autrichienne est inenvisageable. Cette solution est donc abandonnée, en novembre 1848. Les députés optent finalement pour la solution petite allemande lorsque la Constitution est prête, le 28 mars 1849, après de longs mois de débats. Ils élisent empereur d’Allemagne le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume IV. Toutefois, celui-ci refuse la couronne car il ne veut pas la recevoir d’une assemblée élue : seuls les princes allemands peuvent la lui donner. Selon sa culture politique, le pouvoir vient d’en haut (Dieu), pas d’en bas (les hommes). En privé, il dit qu’il ne ramassera pas sa couronne « dans le caniveau ». Manifeste son mépris. Par ailleurs, il craint un conflit avec l’Autriche en cas d’acceptation. Ce refus pose également le problème du sort de la Constitution : certains gouvernements ne l’acceptent pas, et non les moindres puisque parmi eux figurent la Prusse et l’Autriche. Il apparaît de plus en plus nettement que le parlement échoue à imposer sa volonté aux États allemands, surtout aux plus puissants d’entre eux. Il ne dispose d’aucun pouvoir réel. Découragés, certains députés s’en vont. D’autres sont rappelés par leur souverain, à l’instar des Prussiens. Chassés de Francfort, ceux qui restent s’installent à Stuttgart où ils sont dispersés. Les derniers se rendent à Rastatt où ils finissent par se rendre le 23 juillet 1849. À cette date, tout est terminé. Les ultimes tentatives d’insurrections à caractère démocratique de mai-juin 1849 visant à faire aboutir la ratification de la Constitution de Francfort ont été écrasées. Avec l’appui des soldats locaux, l’armée prussienne a réprimé ces mouvements dans le sang. À Dresde par exemple, on dénombre 250 victimes. Beaucoup d’insurgés ou de partisans de l’insurrection prennent les routes de l’exil ou sont expulsés : Gustav Struve, Friedrich Hecker, Karl Marx, Friedrich Engels, etc.

Achevés dans la répression en juillet 1849, les mouvements révolutionnaires de 1848- 1849 en Allemagne ont duré 17 mois. En apparence, ils sont un échec : l’unité de l’Allemagne par la voie parlementaire a échoué. En fait, les hommes de 48 ont posé des principes libéraux et nationaux qui n’ont pas été méprisés par tous les Allemands. Cependant, la méthode autoritaire l’emporte pour l’instant, et pour longtemps. Afin de rendre compte de la longue faiblesse des pratiques démocratiques et parlementaires en Allemagne, la thèse de la « voie particulière » ( Sonderweg ) allemande a été façonnée → modernisation sans démocratisation. Il y aurait eu un particularisme allemand contrastant avec la normalité démocratique et parlementaire de l’Occident. L’échec de 1848 en serait l’une des causes. Tirant les leçons de cet échec, la bourgeoisie allemande aurait choisi s’en remettre à un État autoritaire pour parvenir à l’unité allemande. Ce serait l’une des causes majeures du déficit démocratique et parlementaire allemand ayant conduit plus tard aux catastrophes de 1914 et 1933. Aujourd’hui, cette thèse est abandonnée, notamment en raison de ses aspects déterministes. L’échec des pratiques libérales et démocratiques en Allemagne fut relatif et momentané, comme le montre la bonne santé de la démocratie allemande depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Quant aux bourgeois du XIXe siècle, il n’y a pas qu’en Allemagne qu’ils craignaient par-dessus tout les masses populaires! Au milieu de l’année 1849, les apports essentiels du Printemps des peuples français restent d’actualité, mais ils sont fragilisés. La France a renoué avec son passé révolutionnaire. Elle est à nouveau une République. Il n’y a plus de roi. La source de la légitimité politique est le suffrage universel masculin, et non pas l’appartenance à une dynastie. L’esclavage a été à nouveau aboli. Toutefois, l’espoir d’une République sociale a tourné court. Les notables ont repris le contrôle de la situation. Depuis les Journées de juin, leur crainte suprême est celle de la subversion. Pour garantir un ordre social respectueux des hiérarchies et éloigner le spectre du socialisme, ils misent sur le prince-président, Louis-Napoléon Bonaparte. Ils ne seront pas déçus.

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L’expression « Printemps des peuples » est utilisée pour désigner les mouvements
révolutionnaires qui embrasent une grande partie de l’Europe au printemps 1848 et s’étendent
jusqu’en 1849. Cette flambée révolutionnaire touche la France et l’Allemagne, mais n’a que
de faibles répercussions au Royaume-Uni. Certains États restent complètement à l’écart, à
l’instar de la Russie. anmoins, les contemporains ont bien eu le sentiment d’assister à un
phénomène international. D’ailleurs, si un État tel que la Russie n’est pas touché, il intervient
militairement en 1849 dans l’Empire d’Autriche pour écraser la révolte hongroise. À ce titre,
il est tout de même fortement impliqué dans les évènements de la période.
La diffusion européenne du Printemps des peuples suggère que des forces profondes
sont à l’œuvre de part et d’autre du continent, bien au-delà de telle ou telle spécificité
nationale. C’est le monde ancien qui est attaqué de Paris à Pest, de Milan à Berlin. Ce monde
avait été façonné par le congrès de Vienne qui s’était tenu de novembre 1814 à juin 1815 dans
la capitale autrichienne. Les puissances victorieuses de la France napoléonienne (Angleterre,
Autriche, Prusse, Russie) avaient voulu y effacer les changements politiques et territoriaux
résultant des guerres révolutionnaires et impériales. Aussi la méthode utilisée à Vienne pour
réorganiser l’Europe fut celle qui prévalait avant la Révolution française. Selon cette
méthode, les États sont la possession des souverains et non pas l’expression de la volonté des
peuples. Quant au contenu des politiques mises en œuvre à l’intérieur des États, il tourna
généralement le dos aux aspirations libérales. C’est cet ordre incarné par le chancelier
autrichien Metternich qui est contesté lors du Printemps des peuples. La contestation prend
des caractères différents selon la nature locale des mécontentements.
Plan :
1. Le fragile succès des républicains français
2. L’échec des révolutions allemandes
Quant au cas britannique, il sera envisagé ultérieurement dans une séance sur la vie
politique au Royaume-Uni : la très basse intensité du Printemps des peuples dans ce pays ne
justifie pas un développement comparable à ceux consacrés à la France et à l’Allemagne.
I. Le fragile succès des républicains français
La France est un État-nation rassemblé de longue date par la monarchie capétienne.
Cette unité ancienne réalisée par le pouvoir central rend la problématique nationale peu
pertinente en 1848 : la France n’est plus à construire, même si certaines ambitions
expansionnistes existent encore. Par conséquent, ce qui soulève certains Français contre le roi
Louis-Philippe est d’un autre ordre. 2 types d’aspirations se distinguent, ou se superposent :
- Aspiration démocratique → élargir le suffrage à tous les hommes, sans exclusive.