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Histoire de l'art contemporain

Cours magistral complet
Année académique : 2016/2017
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Histoire de l'art

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INTRODUCTION A L’HISTOIRE DE

L’ART CONTEMPORAIN

Formes et représentations dans l’art de 1905 à nos jours

Myriam@univ-bordeaux3 Groupe Bureau Virtuel : ISIC-HISTOIRE ART Examen final : Ecrit de 2h avec 3 questions de cours dont au moins une est accompagnée d’une œuvre d’art à commenter et à mettre en relation avec la question

Introduction :

⁃ 1 ère affiche : créée en 1924 par Alexander Rodchenko, 7 ans après la Révolution Russe, affiche de propagande pour inciter la population russe à lire les livres éditées par les éditions de l’Etat (Lenguiz). L’inclinaison des lettres, les diagonales grossissent suivant l’angle comme si la femme est en train de crier le mot « livre » dans tous les domaines ⁃ 2 ème tableau : créé par Piet Mondrian, artiste hollandais, en 1935. Ce tableau ne représente rien d’autres que des lignes noires qui s’entrecroisent avec des cases colorées. On parle d’art abstrait. ⁃ 3 ème tableau : créé par Andy Warhol, artiste américain, portrait de Marilyn Monroe réalisé en 1962 faisant partie d’une très grande série représentant tous Marilyn. Il s’est inspiré d’une photo tiré du tournage de Niagara, un film sorti en 1953. L’artiste a redimensionné la photographie. Le torse a disparu, il a recadré le visage. Le visage est réduit à des traits essentiels. Il renforce le contraste entre la lumière et l’ombre. Il ajoute des couleurs (bleu pour le fond, jaune pour les cheveux...) ⁃ 4 ème tableau : 1962 : œuvres par Andy Warhol par le même principe que le portrait de Marylin par sérigraphie. Il a pris une photo de lui-même et l’a transposé sur une toile. Il a aussi ajouté des couleurs. Ici, il utilise 4 couleurs (bleu pour les parties ombrés, vert,...)

Un groupe de musique Franz Ferdinand en 2005 pour la couverture de leur album l’affiche d’Alexander Rodchenko : même obliques, mêmes intonation de la femme, même fichu sur la tête... Le domaine de la publicité s’inspire en abondance des œuvres d’art.

Par exemple, Ray Ban a repris le tableau de Warhol. Ces lunettes reprennent les lunettes portées par Marylin à son époque. Avant, Warhol s’était inspiré de la publicité et désormais, la publicité s’inspire de Warhol. De même, une gamme de produits capillaires a repris les mêmes formes et couleurs que le tableau de Mondrian. Les carreaux et les lignes sont réinterprétés. Les carrés se superposent. Réinterprétation libre d’un code formel. Enfin, même dans la politique on peut s’inspirer d’un style d’un artiste. Un style sont les caractéristiques qui permettent de reconnaitre le travail d’un artiste ou bien d’un groupe d’artiste d’une même époque voire d’un même lieu. Le style s’affirme par l’usage de techniques particulières par la manière dont ils sont représentées les formes et utilisées les couleurs. Tous ces éléments permettent de reconnaitre quand a été produite l’œuvre et où elle a été produite et par qui.

Ainsi l’affiche utilisée par Obama reprend le style de Warhol. Cette œuvre a été reprise d’une photo réalisée par l’américain Shepart Fairay. Il a transposé cette image sur toile, a retravaillé les couleurs et a redimensionné la photo. Le même langage de couleurs est utilisé qu’Andy Warhol avait utilisé à son époque. Les ombres sont en bleues, on retrouve le contraste avec le rouge. Ces exemples témoignent de l’importance des œuvres d’art du passé dans le monde actuel. On les utilise comme des outils de communication visuelle. Toutes les images se limites à réinterpréter le vocabulaire plastique (C’est la manière dont un artiste utilise et réorganise ensemble les lignes et les couleurs, la manière dont il donne l’illusion du volume) des œuvres produites au cours du XXème mais ne réinterprète pas le message.

 Il est dont important d’avoir des repères visuels, des références artistiques. La notion d’art à très largement évolué au cours des siècles. Ce qui pouvait ne pas être considéré comme une œuvre d’art à un moment donné, l’a été par la suite.

Explication du sous-titre : En 1905, c’est la naissance de l’art du XXème siècle dans l’histoire de l’art. Une forme est : ⁃ Une figure géométrique ou représentant un objet, une figure humaine et qui est défini par le dessin, la ligne et le relief. Par ex, les formes du tableau carré ou rectangulaires de Mondrian. ⁃ Dans un sens plus large, ce sont les qualités formelles d’une œuvre d’art. (qualités formelles = vocabulaire artistique). C’est l’ensemble des éléments visibles d’une œuvre (couleur, dimension, lignes, matière, forme) et la façon dont ces éléments sont agencés. C’est l’expression des mœurs, des sentiments d’un artiste ou d’une civilisation. La représentation est littéralement la signification de « seconde présentation ». La représentation désigne dans le champ de l’histoire de l’art : ⁃ Dans un sens restrictif l’imitation de l’apparence ⁃ Plus largement, il désigne ce que l’on donne à voir. Une représentation peut donc être aussi abstraite (une image mentale par exemple).

Les représentations ont aussi évolué au fil des époques (par exemple, la femme dans la Joconde de De Vinci en 1503 , Jean Baptiste Ingres Portrait de Delphine en 1859, Portrait de Dora Marre de Picasso en 1937). En effet, les deux premiers tableaux, les artistes ont essayé de représenter de manière la plus réelle possible le physique de ces femmes à l’inverse de Picasso qui réalisé son œuvre de 2 points de vue différents. Pourquoi cette évolution? L’art du XXème siècle se situe en rupture avec l’art du passé. Les artistes ont voulu rompre avec les cadres de représentations et les formes utilisées par les artistes et qui remontaient à la renaissance. En 1919, l’artiste, Marcel Duchamp, se procure une imitation de la Joconde. Il va ajouter sur cette reproduction une moustache et une barbiche. Il inscrit en bas L.H.O.O avec une idée de provocation. Il désire désacraliser la Joconde en tant que chef d’œuvre du passé ainsi que tous les codes de l’art du passé. En 1919, ce type de provocation est pour les bien-pensants difficilement bien acceptée et acceptable. Avec la moustache, il nous invite à nous interroger sur l’identité de ce personnage. Il nous oblige à considérer l’œuvre originale sous un angle nouveau. Tous les artistes du XXème siècle ont voulu rompre avec les codes du passé en inventant et expérimentant des modes de représentation nouveaux.

 Cf. bibliographie

Désormais, l’artisan est celui qui a simplement une maitrise technique. En revanche, l’artiste a aussi une maitrise technique mais qui en plus sait créer des objets qui soient source d’émotions et de réflexions. Au siècle des Lumières, la notion d’art évolue encore. On fait passer l’idée de beau avant l’appréciation de la technique. Elle passe au second plan. C’est l’intention de l’artiste qui est primordial. C’est surtout au XXème siècle que la notion est totalement bouleversée. Les artistes ont créé des grands scandales avec des objets bouleversants les habitudes de pensées (par ex : Fontaine de Marcel Duchamp de 1917 ). En 1916 , la création de la société des artistes indépendants. Ils décident d’organiser chaque année une exposition sans jury avec 6$ de participation. Marcel Duchamp fait partie des membres. Pour tester cette ‘démocratie’, il essaie de se demander si tous les objets peuvent être exposé. Il signe un urinoir d’un pseudonyme R. Dès que l’objet est envoyé, une réunion et de vifs débats sont engagés. A l’issu du vote, il est décidé que l’urinoir ne sera exposé. Les organisateurs n’ont pas réussi à se tenir à leurs principes : implicitement, ils pensaient à la beauté de l’art, à une technique utilisée. Désormais, cet objet est accepté et cet objet est considéré comme une œuvre d’art. Bien souvent, cette fontaine a choqué purement et simplement. Il détourne un objet du quotidien et cherche à répondre à la question : qu’est-ce que l’art? C’est encore aujourd’hui que tous les artistes tentent de répondre. Bien souvent, ils produisent des œuvres qui interrogent cette notion et qui sont situés à la limite.

I-Les grandes étapes de l’histoire de l’art (Antiquité-XIXème siècle) : Entre

représentation du divin et représentation de l’humain

Plutôt que de résumer cette période, nous allons étudier quelques œuvres représentatives des différentes époques de l’histoire. Pour bien comprendre la rupture des artistes du XXème siècle, il faut commencer par deux récits de la naissance de la pratique de l’art et de la peinture. Ils sont racontés par Pline Lancien, historien romain né en 23 et mort en 79 après JC. On lui doit un ouvrage : l’histoire naturelle, une sorte d’encyclopédie. Dans celui-ci, le livre 35 traite de la peinture et de la sculpture.

Une jeune fille, fille de potier grec, est amoureuse d’un homme qui va partir à la guerre. Lors de la dernière rencontre, elle s’aperçoit que la lumière de la lanterne projette l’image de l’homme sur le mur. Elle le voyant, elle va en tracer les contours afin de garder auprès d’elle une image pérenne du jeune homme. C’est l’acte de naissance du dessin et par extension de la peinture. Dibutade, le père, va utiliser de l’argile afin de modeler ce profil en relief : acte de naissance de sculpture. De cela serait né l’art du portrait et de la représentation.

La seconde histoire rapportée par Pline Lancien s’agit du peintre grec Zeuxis qui aurait vécu entre 464 et 398 avant JC. En 400 avant JC, un concours est organisé qui le met en concurrence avec un autre peintre Parrhasios, autre excellent peintre. Ils doivent faire une fresque pour se départager. Zeuxis décide de représenter des grappes de raisin. Il les réussit si bien que des oiseaux viennent les picorer. Fier de lui, sûr de gagner, Zeuxis décide de demander à son concurrent d’enlever le voile qui est sur sa fresque alors que le voile était peint. Parrhasios a réussi à tromper des êtres humains (jury et Zeuxis). Il est nommé vainqueur : il a réussi à imiter la nature à tel point qu’on pensait qu’il s’agissait d’un véritable objet.

Pour les grecs, une peinture est d’autant mieux réussi que la représentation mimétique du réel (de mimésis, du grec). Les deux récits vont marquer le système de l’art occidental. La peinture et la sculpture vont devenir les médiums privilégiés par les artistes en particulier la peinture qui va être considérée comme l’art le plus noble et le plus compliqué qu’il soit.

Ce que l’on appelle l’Antiquité s’étend de l’invention de l’écriture du 4 ème millénaire avant JC à l’effondrement de l’Empire Romain au Vème siècle après JC. Le caractère mimétique de la peinture atteint son apogée avec l’artiste Phidias, plus grand sculpteur de l’Antiquité grec (actif 479-432 avant JC). Parmi ses œuvres les plus célèbres, frise du Parthénon située à l’intérieur du temple. Elle représente le cortège des Panathénées, ce sont des fêtes organisées pour la déesse Athéna. De son vivant, les grecs admiraient chez Phidias sa capacité à représenter les êtres humains dans des postures tout à fait naturelles. Par exemple, on observe les côtes, la musculature ou les drapés de ses personnages. Les personnages et les chevaux sont représentés en mouvement. Ils représentent les chevaux dans une posture cabrée. Il tente de représenter ses personnages de la manière la plus naturelle possible. Mais les grecs ont une très haute idée de ce doit être la beauté. Le réel peut présenter quelque défaut. Ils vont inventés la notion de canon artistique. Ils associaient l’idée de beauté à l’idée de mesure. La beauté idéale pour eux est une beauté qui se base sur des rapports harmonieux. L’inventeur du canon est Polyclète. Il a écrit un traité appelé le Canon, cela signifie en grec, la grec. Pour lui, le canon de beauté établit des rapports numériques entre les parties du corps. La tête d’un bel athlète doit être comprise trois fois dans la hauteur du torse. De même, le torse et les jambes doivent avoir la même hauteur. Pourquoi ces rapports numériques? Selon eux, la production artistique doit dépasser la réalité elle-même pour donner une image de la nature dans ce qu’elle a de plus parfait, de plus noble. Les sculpteurs grecs recherchent aussi à retranscrire le dynamisme, le mouvement. Un sculpteur de la génération de Phidias et Polyclète, Myron a réalisé Le Discobole, sculpture qui représente un homme qui s’apprête à lancer un disque de manière dynamique. Là encore, on observe la musculature. La beauté du corps est aussi pour les grecs associé à la beauté du cœur. Physiquement belle, une personne est psychiquement belle.

L’époque médiévale marque une évolution notable déjà à partir du 3 ème siècle. C’est l’avènement de la chrétienté. Au 3 ème siècle après JC, l’empire romain doit faire face à une crise politique qui va déclencher les invasions barbares. En 313 avant JC, l’empereur romain, face à la montée du christianisme, proclame la liberté de culte. Avant les chrétiens n’avaient pas le droit de culte. Le christianisme est autorisé en tant que religion. Avec la chrétienté, de nouveaux codes de représentation s’impose peu à peu et vont perdurer jusqu’au début du 14 ème siècle. Il y aura des styles et des courants différents mais il y a une manière de pensée qui perdure : Art byzantin, Art carolingien, Art gothique...

Malgré les changements de styles, ces périodes caractérisent par la production d’images chargées de symbole puisque la production artistique est tournée bers la représentation du monde divin? C’est un art à travers lequel chercher à toucher la croyance des fidèles, leurs piétés. Dieu est au centre de la représentation. Il ne s’agit plus de produire des œuvres qui soient le reflet de la réalité. C’est ce qu’on peut observer dans la mosaïque dans une basilique à Ravenne en Italie datant de 549 après JC. Elle représente une re- transfiguration du Christ et saint apollinaire en prière. Au centre, on trouve le Christ puisque cette mosaïque représente le moment où il révèle son caractère divin à 3 de ses disciples. Au niveau inférieur, on trouve St Apollinaire qui le premier évêque de la ville de Ravenne. Le

La Trinité de Masaccio de 1425-1427 de 6,67 m de hauteur situé dans une Eglise à Florence en témoigne. Les personnages représentés sont plus grands que nature. Les figures sont massives et concordent avec celles représentées par Giotto, considéré comme un modèle pour ces artistes. Dans cette fresque, il y a un point de fuite correspondant à l’œil idéal du spectateur, là d’où il est censé voir cette fresque. Les personnages sont situés dans un espace architectural. Les objets, les perso, l’architecture sont représentés par rapport à la personne, cet œil idéal du spectateur.

L’époque moderne qui s’étend du 17 ème au 18ème siècle en histoire va voir apparaitre plusieurs styles. Au 17ème, Vont s’opposer le baroque et le classicisme. Au 18ème, s’opposera le rococo et le néo-classicisme. Le classicisme se développe à partir de la première moitié du 17 ème siècle en France puis ailleurs. Dans l’esthétique classique, l’artiste recherche le beau, l’harmonie, la perfection. Nicolas Poussin est considéré comme l’un des meilleurs artistes classiques, un de ses meilleurs représentants. Le massacre des innocents est le tableau qui le fait connaitre. Pour lui, «la peinture est comme une imitation faite avec lignes et couleurs en quelque superficie (en 2D quoi) de tout ce qui se voit sous le Soleil ». Cette idée est déjà présente dans son œuvre de jeunesse (il l’a fait vers 20 ans). Tout est ordonné et maîtrisé (l’utilisation des couleurs, la disposition des personnages, le décor). Rien n’est laissé au hasard. Au premier plan, 3 personnages : le soldat qui s’apprête à tuer l’enfant et la mère qui tente de l’arrêter en train d’hurler. Au second plan, une autre mère en pleurs qui s’enfuit avec le corps de son enfant mort. Au 3ème plan, 4 autres mères qui s’enfuient emportant leur enfant. Le décor est épuré et s’inspire de l’Antiquité. Le sol nous fait directement entré dans la scène. Tout la composition (manière dont tous les éléments d’un tableau sont agencés les uns par rapport aux autres) est réfléchie pour concentrer le regard sur le visage de la mère. Le tableau est composé en X. Au centre, il y a la tête de la mère. Le cri de la mère occupe l’espace central. C’est le cri de douleur le véritable sujet de l’œuvre. Des lignes verticales et un espace circulaire viennent rythmer la composition. Les plans sont échelonnés. Poussin utilise ici les couleurs primaires (rouge, jaune et bleu). Cela ajoute de la lisibilité à l’œuvre. Tout est construit pour guider le regard du spectateur. Poussin va devenir un véritable modèle. En France en 1648, sous Louis 14, l’académie royale de peinture et de sculpture est créée. De nouvelles méthodes d’enseignement des Beaux-arts qui va prendre Poussin comme modèle et aussi l’art antique sont mises en places. Plusieurs principes (le nu, l’anatomie) sont mis en place. La peinture de l’histoire est privilégié : épisodes religieux ou de l’histoire, de la mythologie etc. Pour l’académie royale, l’art est basé sur des principes d’équilibre et de mesure.

Au 18 ème siècle, les peintres délaissent les grands sujets historiques. De plus en plus, il y a des portraits, des peintures de genre (tiré des scènes de la vie quotidienne). François Boucher, dans son œuvre Hercule et Omphale (1731-1734), relate l’épisode dans lequel Hercule doit porter par jeu des vêtements féminins. Pourtant, l’allusion à cet épisode est très secondaire. Ils font autre chose. Il privilégie les tons chauds (Style rococo). Jacques-Louis David représentant du néo-classicisme veut repartir de l’héritage de l’art antique et de Nicolas Poussin. Il veut revenir à une composition construite et rigoureuse, à l’idéal de la beauté antique, avec un sens moral. C’est ce qu’il applique dans le tableau Le serment des Horaces en 1784. C’est un sujet de la Rome Antique qui défende la cité de Rome face aux frères Curiasse. Derrière des femmes qui perdront soit leurs maris, soit leurs frères. Cette

composition est rythmée par des colonnes. La Renaissance et le néo-classicisme au 18 ème ont redécouvert l’art grec et ont voulu représenté une beauté universelle, une représentation du monde.

Au 19 ème siècle, la tâche de l’artiste est toujours de représenter le réel. Ce classicisme va devenir la peinture académique, l’art officiel enseigné aux Beaux-Arts. Dans La naissance de Venus de William Bouguereau en 1879 , tous les éléments de l’académique sont retrouvés : nu féminin sur l’axe central. Le tableau a aussi choqué par son style. Le style est léché : les coups de pinceaux ne sont pas visibles. De plus, les contrastes sont plus forts même si Manet respecte les couleurs du réel. L’enseignement académique demande aux artistes de reproduire ces règles établies. C’est contre cet art que les artistes avant-gardistes vont s’opposer, cette répétition des mêmes codes de représentations mimétiques du réel dans sa perfection. Pour eux, ce réel est trompeur, pas le même que le vrai tableau. Le premier tableau avant-gardiste est réalisé par Edouard Manet, Le déjeuner sur l’herbe en 1863. Il a choqué car on voit une femme nue dans un sous-bois entouré de 2 hommes qui sont habillés donc pas de sujet mythologique, pas de prétexte à cette nudité. C’est ce que le public a vu : une scène obscène. Il met la bourgeoisie face à ses mauvaises mœurs. C’est aussi le style qui fait scandale (pas de perspective). Toutes les conventions admises sont détournées. Manet n’idéalise pas le corps de cette femme non plus. Il rompt avec la notion de classicisme et les principes de l’Antiquité.

I- L’art des avant-gardes (de 1905 à 1945) : Rompre avec l’art

du passé

Le fauvisme et le cubisme sont les deux premiers mouvements d’avant-garde du XXème siècle. En 1905 et 1907, deux tableaux marquent le début de l’art du XXème siècle. Ils rompent définitivement avec tout ce qui a pu être peint auparavant. Le premier d’Henri Matisse Femme au chapeau marque le fauvisme. La seconde est Les Demoiselles d’Avignon de Pablo Picasso et annonce le cubisme. Le cubisme émerge en effet en 1908.

Contexte et définition :

L’avant-garde est un terme utilisé à l’origine dans le domaine militaire. Les soldats sui sont à l’avant-garde sont à l’avant du corps de l’armée. Ce terme va peu à peu être repris dans le champ des arts et va désigner ce qui est novateur, ce qui rompt avec la tradition. Au début du XXème, ce terme va s’imposer dans le discours sur l’Art. On peut aussi parler des Avant- gardes. Ils désignent alors les mouvements. C’est un groupement d’artistes qui partagent les mêmes idées, un même projet esthétique, les mêmes goûts, une idée commune de ce qui peut être beau ou non. Parmi eux, il y a le fauvisme, le cubisme, le futurisme, le néoplasticisme, le suprématisme, le surréalisme, le constructivisme... Ils sont tous construit avec le même suffixe –isme. Ils s’inscrivent tous donc dans la même logique. Ils se sont succédés et positionnés comme novateur. On ne peut pas les comprendre sans étudier leur contexte.

En effet, c’est la Révolution Industrielle, le développement des chemins de fer, de la photographie. Toutes ces technologies bouleversent nos modes de vie. On croit alors dans le bonheur qui peut découler de ce progrès. C’est un état d’esprit tout à fait nouveau que certains

3D sur un espace en 2D. Il y a une seconde date de naissance pour l’art du XXème : 1905 ET 1907 avec Les demoiselles d’Avignon de Picasso. Quand il peint son tableau, il a 26 ans et est à Montmartre. Il a aussi scandalisé les critiques, les artistes, les amis de Picasso et même Matisse. Pourquoi les demoiselles d’Avignon? Picasso ne donne pas de titre à ces tableaux mais c’est son entourage qui lui a donné ce nom. On a eu le droit à bordel en référence aux prostituées du tableau puis filles puis demoiselles pour le politiquement correct. Avignon réfère à une rue de Barcelone où il y avait une maison close proche de là où habitaient ses parents. Ce tableau a demandé beaucoup de travail et est resté non-publié pendant longtemps. Seul les amis proches au début, tableau souvent retourné dans son atelier. Ce n’est pas tant le thème qui choque car à la fin du 19ème siècle, un artiste Toulouse Lautrec avait déjà peint sur la prostitution. Ce tableau porte atteinte à toute l’histoire de l’art occidental. Dans ce tableau, il y a 5 femmes totalement nues qui nous regardent et semblent s’offrirent à notre regard sans gêne. C’est un espace clos et on aperçoit quelques aliments. C’est une œuvre qui n’a pas de cohérence. Les femmes sont traitées de manière différence. Au centre, les visages sont vus de face. A gauche, visage différent d’une des femmes dans l’ombre. A droit, l’accent des visages est mis sur le nez. Les visages sont déstructurés plus que conventionnels. Il y a une aberration anatomique car les différentes parties du corps semblent démembrés. Il y a donc une dimension violente au tableau. Ce sont les formes géométriques qui dominent, tout est anguleux. On a l’impression quelque chose de figé mais aussi de dynamique. Il donne du rythme grâce à ces lignes brisées. Le dynamisme est aussi possible grâce à l’usage de la couleur. Les tons bleus contrastent avec les tons chauds ocre. L’un de ces visages est vu de profil avec un œil de face qui rappelle l’art égyptien. Un des visages le plus étonnant rappelle l’art africain. Picasso, au cours des années 1905-06-07, découvre l’art africain. En Europe, il y a un véritable engouement pour l’art africain. Il se réfère à l’art dit « nègre » notamment au masque Pende, Kwilu, Zaire afin de rompre d’autant mieux avec la tradition artistique occidental. Il va chercher ses sources d’inspiration dans les cultures extra-occidentales. Ce n’est pas la couleur qui l’intéresse mais plutôt la forme et le fait de savoir comment reproduire un visage dans son intégralité. Son but n’était pas de choquer mais il l’a quand même fait. Dans ce tableau, il évoque la dure réalité de la vie d’un bordel. Il n’y a pas de profondeur donc le regard n’a pas d’échappatoire. Il est en rupture avec ce qu’avaient fait les fauves 2 ou 3 années auparavant. Picasso kiffait po trop l’excès de couleurs. Picasso ne recherche pas l’harmonie dans ce tableau. Ce qui choque avant tout c’est qu’il oublie tous les codes traditionnels. Il ne s’inscrit pas dans le cubisme même s’il en est annonciateur car il se développe l’année suivante.

Le cubisme va s’imposer comme une manière de représenter le réel comme totalement nouvelle. Les deux grands artistes de ce mouvement sont Picasso et Georges Braque (Maisons à l’Estaque, 1908). Ils étudient la ligne de la construction de l’espace, approche cérébrale de la peinture. Le cubisme tire son nom d’un critique d’art : au Salon d’Automne, Braque a exposé cette toile en 1908. Selon la légende, Matisse, membre du jury, aurait été interrogé par un critique d’art pour savoir ce que Matisse pense de ce tableau. Il dit alors que Braque a fait des petits cubes. Louis Vauxcelles entend Matisse parler et a transformé ce terme en cubisme. Ce tableau représente des maisons vues en plongée avec un arbre. Le volume n’est pas indiqué par les lignes, ce n’est pas conventionnel. L’impression des volumes est due à l’utilisation des couleurs et du jeu entre ombre et lumière. Au niveau des arêtes, il a assombri son tableau. Il donne l’illusion du volume sans même respecter les conventions que l’on connaît pour représenter les formes cubiques. Braque a compris qu’il existe d’autres

manières de donner l’impression de 3D. C’est en se détournant de ces conventions que le cubisme va élaborer un langage totalement nouveau.

Le tableau de Picasso du portrait d’Ambroise Voilard (1909-1910) est un tableau où la figure et le corps semblent avoir été pulvérisés en des milliers de facettes. On a du mal a distingué les limites entre la figure et le fond. Ils s’imbriquent l’un dans l’autre. La lisibilité est plutôt sauvegardé pour le visage qui par ses tons plus clairs semblent émerger du fond. Il va encore plus loin par le portrait de Daniel Henry Kahnweiler de 1910. Dans ce tableau, il détruit encore plus les apparences. Même les yeux et la bouche sont réduits à des signes géométriques. Néanmoins, il y a toujours quelques repères afin que la figure ne se fonde pas totalement (ici, mains, carafe, cheveux...). Il nous propose de reconstruire ce modèle de manière intellectuel. Il cherche à traduire les volumes constituant une véritable rupture. Ces multiples facettes nous obligent à observer ce portrait en détails. Par ce mode de représentation, il cherche à aller au-delà des apparences extérieures. « Je voulais peindre les choses comme on les pense, pas comme on les voit », a dit Picasso. Ici encore, il refuse la couleur. Le terme de cubisme n’est pas tout à fait adapté à ce type de représentation car ils n’utilisent pas vraiment des cubes. En tout cas, Picasso scrute son sujet, cherche à comprendre, aller au-delà des apparences pour essayer de traduire non pas l’apparence extérieur mais ce qu’il fait son essence, qui il est. Là encore, on reconnait le visage de Kahnweiler.

Autre tableau cubisme de Georges Braque, Le portugais. Le visage du personnage est totalement déconstruit. Il intègre des lettres, chose tout à fait nouvelle. Ce personnage est censé être dans un café où les prix sont affichés. Ce sont les éléments les plus lisibles, les éléments de réalité alors que la figure est abstraite.

Braque & Picasso vont être conscient qu’à force de déconstruire les formes, ils sont conscients qu’ils atteignent les limites de l’abstraction alors qu’il reste attaché à la réalité. Ils vont essayer de faire leur retour au réel en intégrant des objets dans leurs œuvres (Picasso Nature morte de la chaise cannée, 1912 ). Ici, il y a des vrais objets et des objets représentés, peints. Deux objets : une corde entourant la toile et un cannage représenté sur une toile ciré qu’il a collé sur la toile. On a de la peinture à l’huile, une toile cirée et une corde. Ce sont des éléments hétérogènes. Il prélève dans le réel des objets non plus pour les représenter sur la toile mais pour les présenter. Il y a une conception de l’espace tout à fait nouvelle car les objets sont vus sous des angles différents. La corde introduit une certaine ambiguïté puisque cela pourrait faire référence à une table ronde ou ovale suivant la perspective. On ne sait pas trop ce que l’on doit voir en tant que spectateur : toile cirée? Cannage? Il nous invite à nous demander où se trouve la réalité. Il interroge les limites de la définition d’une œuvre d’art, de la représentation picturale telle qu’on la conçoit au XXème. Il fait alors pénétrer le monde réel tel qu’il est dans l’œuvre.

Pour conclure, le fauvisme durant jusqu’en 1907 et le cubisme jusqu’en 1913 en ce qui concerne Picasso et Braque sont les deux nouveaux mouvements d’avant-garde du XXème siècle qui renouvellent la pratique picturale. Les fauves expérimentent la couleur qui devient autonome par rapport à l’objet qui est représenté. Le cubisme expérimente plutôt la ligne en créant un nouveau système de représentation pour donner l’illusion du volume. Les fauves et les cubistes atteignent aussi les limites de la représentation du réel. Mais ils ne veulent pas le quitter. C’est pourquoi, Picasso intègre ces objets réels afin de les présenter

se détournent du monde réel, ils vont essayer de représenter un monde invisible à l’œil nu  Un art qui puisse exprimer les sentiments, la spiritualité.

Certains se sont demandé si l’art abstrait n’a pas toujours été utilisé. Ex : Art de l’islam, objets décoratifs, dans l’Antiquité (poteries)... Les critiques mettent les choses au point et vont dissocier les lignes et les couleurs telles qu’elles avaient pu être utilisé avant et celles de l’art abstrait. Au début du XXème siècle, c’est une démarche consciente pour ces artistes. Il n’y a pas de recherche d’objets décoratifs. Ils désirent exprimer des idées. Certains historiens de l’art pensent que l’abstrait s’est développé grâce aux expériences scientifiques qui ont été mené tout au long du siècle précédent, notamment en 1864 un chimiste français Eugène CHEVREUL créé le 1er cercle chromatique. C’est lui qui va dissocier les couleurs primaires des couleurs secondaires. C’est lui qui va mettre en avant que les couleurs interagissent entre elles. Le rouge n’aura pas tout à fait le même effet qu’elle soit disposé à côté d’un bleu ou d’un jaune. Les théories de la perception auraient aussi aidés à mener à l’abstraction. On s’aperçoit que l’œil peut percevoir les couleurs de manière indépendante des objets.

Wassily Kandinsky est venu à l’abstrait selon une continuité : de la représentation de l’extérieur à l’abstraction totale. Il faut plusieurs années pour se détacher totalement de la réalité. 1914 est l’année où il opte définitivement pour l’abstraction totale. Auparavant, les titres de ces œuvres témoignent de la distance croissante que Kandinsky va prendre avec le réel :

⁃ Impression : l’œuvre traduit une sensation éprouvée à un moment donné. On voit ici que les couleurs sont prépondérantes avec des tons chauds qui contrastent avec le fond noir. Le nom de l’œuvre « concert » traduit le concert auquel il a assisté et qui l’a inspiré ce tableau. Les formes sont schématiques. Au fil des esquisses, les formes sont de moins en moins identifiables. La figure humaine s’efface peu à peu au profit de la ligne et de la couleur.

⁃ Improvisation : Dans les improvisations, Kandinsky tente de traduire des sensations intérieures. Là encore, on peut identifier des figures. La couleur domine (Improvisation XIX). La couleur est dissociée de la ligne.

⁃ Composition : Composition V de 1911. Il devient de plus en plus difficile de voir un paysage.

La peinture de Kandinsky est dominée par deux grands thèmes : la spiritualité et la musique.

⁃ La spiritualité : il désire exprimer sa vie intérieure, ses émotions mais aussi chaque couleur doit susciter des émotions chez les spectateurs. Il pense en effet que les formes etc. ont des effets psychologiques et spirituels sur l’être humain. En 1912, il rédige Du spirituel dans l’art, c’est un ouvrage dans lequel il s’interroge sur les rapports entres formes et couleurs et sur la manière dont celles-ci agissent sur l’homme. Pour lui, le jaune évoque le dynamisme, excite. Il le compare « à un malade qui utilise ses forces sans but, qui les gaspille ». Le rouge c’est « le bouillonnement » mais c’est une énergie concentrée contrairement au jaune. Le bleu évoque le calme, la nostalgie. Le vert évoque la passivité et le contentement de soi (très péjoratif). Il le compare à « une grosse vache pleine de santé, assise et immobile ». Le blanc est synonyme de silence : c’est le néant avant le commencement. C’est la valeur spirituelle par excellence

contrairement au noir qui le néant par excellence. Pour lui, il existe des correspondances entre les lignes, les formes et les couleurs. (Le bleu au cercle, le jaune au triangle et le rouge au carré).

⁃ La musique : Un tableau pour lui est un peu comme une partition. Il associe les couleurs aux sons des instruments de musiques (bleu clair avec flute, bleu foncé avec son violoncelle bleu marine à la contrebasse). Ses tableaux sont comme un concert de couleur. II a été influencé par un musicien qui lui est contemporain Arnold Schomberg. Ce dernier a chamboulé les règles de composition musicales. Il s’appuie sur la disharmonie. Kandinsky s’appuie sur ce principe pour créer des dissonances, des chocs entre les couleurs qui vont susciter des émotions chez le spectateur. Le tableau qui représente le mieux l’aboutissement de cette théorie date de 1925 intitulé Jaune, Rouge, Bleu. Il était professeur au Bauhaus (école). La toile s’organise en fonction de deux parties : à gauche des lignes géométriques qui dominent, des arcs de cercles, des horizontales, à droite des formes plus libres, des damiers, d’autres lignes plus souples. Les trois couleurs primaires sont associés à des formes spécifiques. Les tons chauds s’opposent aux tons froids. Dans ce tableau, il veut représenter la naissance de la couleur rouge.

Autre figure importante : Malevitch. Il a une démarche différente que Kandinsky qui a plutôt une tendance au lyrisme. Malevitch a une attitude très rationnelle. Alors que Kandinsky a procédé à tâtons, lui a voulu établir une rupture. Il voulait se libérer « du manteau extérieur des choses ». En 1913 , émergence de l’abstraction chez Malevitch. Au cours de l’été 1915, Malevitch présente au public ses premières œuvres abstraites. Elles sont présentées lors d’une exposition à Petrograd (actuel Saint Pétersbourg). Il présente 39 toiles et on peut y voir des tableaux totalement abstraits. Une plaquette est distribuée aux visiteurs de l’expo qui s’intitule : « du cubisme et du futurisme au suprématisme : un nouveau réalisme picturale ». C’est un terme inventé par Malevitch qui représente son courant pour désigner la suprématie des formes et des couleurs. Dans Autoportrait en 2D de 1915 , il utilise des formes géométriques. Il semble vouloir libérer l’espace contrairement à Kandinsky. Ce qui est intéressant est la disposition des formes : elles évoquent le mouvement et la figure humaine (tête = carré noir,...). Son œuvre la plus emblématique est « Carré noir sur fond blanc ». Ce noir est très dense. Il y a une tension entre ce noir et ce blanc, c’est ce qu’il cherche à créer. Il y a aussi une valeur symbolique. Pour lui, le blanc et le noir constitue les deux pôles entre lesquels peuvent être situés les couleurs. C’est la fin et le commencement de toutes les couleurs. Il dit : « La carré n’est pas un carré mais le sentiment de l’absence de l’objet ». Ce qu’il veut créer est « un monde sans objet ». La simplicité apparaît comme une sorte d’abîme. Il l’a dispose dans le coin de la salle d’expo car c’est l’endroit dans la culture russe dans lequel sont situés traditionnellement les icones religieuses. Il est en effet conscient d’avoir créé une icône de la réalité, une image à telle point nouvelle qu’elle est même capable de représenter ce monde nouveau, industrialisé qui se présente au début du 20ème. C’est « un nouveau-né vivant et majestueux ». En 1919 , pour aller encore plus loin, il créé un carré blanc sur fond blanc (2 teintes de blancs différents). Ici, il abolit les couleurs et les formes. Ou du moins, les dématérialisés. Après ce tableau, il abandonne pour un tant la peinture.

Mondrian est plutôt comme Kandinsky. Il est arrivé de manière moins brutale que Malevitch comme en témoigne cette série de tableaux (arbre). Il devient de plus en plus schématique. En 1919 , il représente un arbre dont la couleur rouge s’inspire du fauvisme. Ce

Cendrillon). Au XXème siècle, on ne peut plus parler de peinture et sculpture au sens traditionnel : les artistes peuvent créer avec n’importe quel matériau.

Comment s’est développée cette tendance? Picasso intègre des objets mais DANS le cadre de sa peinture en 1912. Les dadaistes faisant parti d’un collectif appelé Dada vont aller plus loins par rapport à la proposition de Picasso et vont commencer à proposer des objets et à en faire des œuvres. L’objet devient le matériau même de l’œuvre. Dada est né pendant la première guerre mondiale. Entre aout 14 et novembre 18, ce sont 11 millions de personnes en Europe qui ont été tués. Les populations sont dévastées. Il y a un ressentiment face à la société qui a engendré l’horreur et la barbarie de cette guerre. La 1GM est la 1ere guerre qui met en avant l’industrie : on utilise des gaz toxiques, l’artillerie... C’est une nouvelle manière de faire la guerre tout à fait destructrice. Au cours de la guerre, des artistes de 24/26 ans vont mettre en cause la société moderne occidentale qui n’a pas pu empêcher les combats. Dada naît en 1915 à Zurich (ville suisse, état neutre). Un groupe d’artistes : Hans Arp, Tristan Tzara et Hans Richter sont à Zurich, réfugiés de la guerre. Ils vont contribués au côté d’autres artistes à contribuer au Cabaret Voltaire (février 1916). C’est aussi le moment où débute la bataille de Verdun. Ils vont vouloir mettre en cause toutes les conventions sociales, politiques, esthétiques. Le Cabaret Voltaire est un café littéraire et artistique où sont organisés des spectacles et expositions. Voltaire est dû au philosophe, symbole de liberté. Ils veulent faire de ce café un espace libre et ouvert à toutes les expressions. Ce monde en guerre leur parait absurde. En réaction contre ce monde, ils répondent aux mêmes par l’absurdité et la subversion contestant tous les codes de la société, toutes les institutions. L’ambiance est animée à tel point que le cabaret fermera pour tapage nocturne (grosse chouille). Le nom de Dada lui-même ne signifie rien : il correspond à l’esprit qui unit ces jeunes artistes. C’est un terme en rupture avec le langage commun vu qu’il ne signifie rien. Il peut se prononcer dans toutes les langues. Ce mouvement exprime la révolte de jeunes artistes contre la guerre et contre la société bourgeoise qui selon eux à déclencher cette guerre. Les artistes Dada délaissent la peinture (trop paséiste) car ils veulent construire une société nouvelle mais par le sens de la provocation. Marcel Duchamp fait partie de ce collectif et en 1919 il détourne le tableau de la Joconde (LHOOQ) alors qu’elle est considérée comme l’un des plus grands chefs d’œuvre de l’histoire de l’art. Autre exemple : œuvre de Francis Picabia, dadaiste, La Sainte Vierge II de 1920. Sur une simple feuille de papier, il a projeté de l’encre. La Sainte Vierge est une simple tâche. Il vient s’opposer au dogme chrétien de l’immaculée conception. La tache symbolise le péché, la salissure. Les dadaïstes vont se détourner de la pratique picturale, de la peinture de chevalet, de la tradition. Par cela, les artistes vont réaliser, adopter la technique du collage inventée par Picasso et Braque. C’est le cas de Kurt Schwitters qui réalise des collages à partir de matériaux de récupération et de déchets. Le tout est mêlé à la peinture. (tableau Merz 25 A). Pour lui, il s’agit de redonner vie au déchet. Ce type de pratique a une dimension sociale : elle s’intègre dans le contexte de l’après-guerre. « De toute façon, tout était fichu. Il s’agissait de construire des choses nouvelles à partir des débris. » Ici, il parle de la société détruite et qui reste à construire de nouveau. Il faut apprendre à reconstruire une société nouvelle. Les artistes Dada vont être parmi les premiers avec Picasso à développer une autre technique artistique : l’assemblage. C’est un terme qui s’est imposé pour nommer des œuvres tridimensionnelles élaborées à partir d’objets et de matériaux divers. Dans l’assemblage, les éléments utilisés sont toujours identifiables. L’un des premiers assemblages réalisés est L’esprit de notre temps de Raoul Hausmann de 1919. Il prend une tête en bois qu’on appelle marotte qui sert au coiffeur et qui pouvait servir à la fabrication des

perruques. Il ydispose un gobelet télescopique, une plaque rectangulaire avec le numéro 22, un mètre, une montre dont on voit l’intérieur, deux clous, un porte-monnaie, une boite ouverte, des caractères d’imprimerie et une sorte de système crantée avec des rouages. L’artiste n’a pas ajouté de peinture, pas de modification des objets. Il a associé des matériaux hétéroclites qui n’ont rien à voir entre eux mais ce sont des objets de la vie quotidienne. Il suscite alors des associations d’idées. Par exemple, le porte-monnaie peut évoquer « la société de consommation » qui se développe doucement, le rouleau d’imprimerie peut évoquer l’écriture normalisée, le mètre rappelle que l’intelligence peut se calculer comme le numéro qui rappelle la mesure et le calcul. Cet assemblage se révèle être une critique de la société. Il veut rappeler que l’homme de cette société d’après-guerre qui peut être associé à une machine. En effet, la tête n’est pas individualisée, elle est industrielle. Cet artiste avait des prises de positions politiques très importantes. C’est par ses œuvres qu’il instaure une image critique de la société. Il n’a pas sculpté cette tête et les objets mais il se les est approprié. Il n’y a donc pas de savoir-faire. Cette absence de savoir-faire, c’est Marcel Duchamp qui la pousser de manière la plus radicale. A partir de 1913 , il crée le premier ready-made (« tout- prêt ». Ici, c’est un ready-made aidé car il a utilisé deux objets : un tabouret et un roue de bicyclette pour créer un nouvelle objet (Roue de bicyclette). En choisissant de considérer cette roue comme de l’art, c’est la notion d’art qu’il remet en cause. Avec cette nouvelle notion, tout devient possible en art. En 1915 , Marcel Duchamp va acheter un porte-bouteille. Il le signe. Il a choisi un objet le plus banal possible, que personne ne regarde, qu’on achète pour un caractère utilitaire mais pas pour son caractère esthétique. C’est en 1915 , que ready-made est élaboré. Sa définition officielle par les surréalistes : « objet usuel promu à la dignité d’objet d’art par le simple choix de l’artiste ». Il n’y a pas de savoir-faire. Ce qui est définit comme art est art. L’implication de l’artiste se limite à désigner un objet comme de l’art. Un autre geste radical est Fontaine de Duchamp. C’est la première œuvre que Duchamp expose au public dans une exposition à New-York de la Société des Artistes Indépendants (cf. histoire vue plus haut). Il paie sa cotisation nécessaire et envoie l’urinoir. Mais le jury va aller à l’encontre de leurs principes en refusant l’œuvre. Il va prouver à quel point il est difficile de se départir des normes de l’art. Il réussit à poser la question : qu’est-ce que l’art? Est-ce qu’un urinoir signé et daté peut être de l’art? Certains des ready-made de Duchamp ont disparu notamment le porte-bouteille (jeté par la famille de l’artiste par inadvertance). Ce n’est pas l’objet en lui-même de toute façon mais la pensée derrière. « La réplique d’un ready-made transmet le même message que l’original. ». Avec Duchamp, l’artiste peut se limiter à désigner d’œuvre d’art ce qui dans notre quotidien n’est pas considéré en tant que tel.

Le surréalisme c’est l’héritier de Dada. Un certain nombre d’artistes dadaïstes se sont ralliés au surréalisme dans les 1920s. C’est le cas de Marx Ernst (Le Rendez-vous des amis, 1922). Il est en vert sur le tableau. Tous les personnages représentés sont des personnes ayant existées. C’est un des grands mouvements d’avant-garde, il est artistique et littéraire. La figure d’André Breton est centrale. Il est très vite appelé le Pape du surréalisme. Ils pratiquent une multitude de formes d’expression artistique qui se sont intéressés à la création d’œuvre d’art à partir d’objets. Pour eux, les ready-made de Duchamp ont constitués une étape importante dans l’histoire de l’art et pour leur W. André Breton : « les ready-made et les ready-mades, objets choisis ou composés par Marcel Duchamp, constitue les premiers objets surréaliste. » Donc, Breton reconnait une certaine paternité à Duchamp quant à l’utilisation des objets dans l’art. Les surréalistes n’ont pas abandonné la peinture toutefois. Le surréalisme naît officiellement en 1924 avec la publication d’un manifeste mais ce

citées

Au XXème siècle, au cours de la première moitié, les artistes ne croient plus dans les modes de représentation traditionnelle. Pour donner une image du monde moderne, un tableau n’est plus suffisant notamment avec le traumatisme de la 1ère guerre mondiale. Néanmoins, l’huile sur toile de René Magritte, artiste surréaliste, La trahison des images (Ceci n’est pas une pipe) de 1928 est un tableau mais mettant en évidence ce désaveu de la représentation du monde. Il s’agit d’une pipe réalisée d’une manière simplifiée : elle fait plutôt penser à une illustration qu’à un réel objet. En dessous, il ajoute ‘Ceci n’est pas une pipe’ en lettres cursives qui rappellent les abécédaires dans lesquelles les enfants apprennent à lire. En effet, Magritte en écrivant cette phrase a raison : c’est une représentation d’une pipe, pas l’objet véritable. Il évoque l’objet d’une part avec l’image, il le dénomme avec la phrase mais il essaie de nous faire comprendre qu’une image ne suffit pas à définir un objet, un mot non plus. Une chose réelle est différente de l’image visuelle qui est censée la représenter. Magritte n’expérimente pas de nouvelles techniques. En revanche, il s’attache aux règles de représentation traditionnelles, normes en vigueur depuis la renaissance. Il nous demande de ne plus croire en la représentation des objets dans le tableau. Or à la Renaissance, un tableau était une fenêtre ouverte sur le réel.

Pour conclure sur dada et le surréalisme, en introduisant l’objet réel, à travers des techniques nouvelles comme le collage et l’assemblage, en inventant le ready-made, ces artistes ont tous la même démarche : remplacer la représentation des choses par la présentation des choses pour créer des œuvres d’un genre tout à fait nouveau. Notamment pour les surréalistes, en utilisant les objets, en créant des œuvres, ils trouvent des associations tout à fait inattendues et transgressent les règles esthétiques traditionnelles. Le plus radical de ces artistes est Marcel Duchamp. En détournant des objets issus du quotidien, il contribue à créer de nouvelles formes plastiques dont l’art d’aujourd’hui est encore redevable. Il détourne de plus un objet manufacturé et il la présente en tant qu’œuvre d’art. Il va donc faire prendre conscience aux artistes de sa génération qu’un produit manufacturé peut être esthétiquement beau. A partir des années 20, les artistes de l’avant-garde vont vouloir faire en sort que l’art devienne utile. Pour eux, un tableau ne peut avoir de fonction efficace dans la société. Ils vont donc vouloir abolir les frontières entre l’art et l’artisanat. Ils vont vouloir rapprocher l’art du monde industriel. Ils vont poursuivre le seul objectif à savoir que l’art devra être accessible et compréhensible à tous.

Le constructivisme et le Bauhaus sont deux courants qui vont se développés et ces artistes vont poursuivre cet idéal.

Le constructivisme se développe en Russie au milieu des années 1910. Il commence à émerger à partir de 1915 exactement. Il a donc un contexte bien particulier politiquement et socialement agité car précédent la Révolution Russe de 1917. Ce mouvement se développe tout au long des années 20, au moment de l’arrivée au pouvoir de Lénine et des bolchéviques. Le constructivisme émerge avec Vladimir Tatline, le compatriote de Malevitch (grand rivaux). En 1915 , une exposition met en scène leur travail respectif. Tatline présente des sculptures abstraites comme Contre-relief de coin en 1915. Ce sont des œuvres à la limite de la sculpture et de la peinture. Ce sont des assemblages de bois, de verre, de taule mais aussi ils sont disposés au mur (comme la peinture). Il dispose aussi ses œuvres dans un

angle : il affirme par la avec son désir de rompre avec la tradition académique. Tatline devient la figure du constructivisme. Ces artistes se considèrent comme des constructeurs : d’un art nouveau et de ce fait, d’une société nouvelle. C’est ainsi qu’ils entendent leur production artistique. Ils désirent mettre leur capacité créatrice au service de la société de leur temps. « Des figures de dieux et de héros ne correspondent pas à la conception moderne de l’histoire, elles sont impropres à symboliser le temps présent alors que l’on a affaire avec des files de prolétaires, longues comme les kilomètres. ».

En Russie, au début du XXème siècle, s’était développé l’hostilité au régime en place, un régime autocratique. La situation politique est instable et en 1905, les grèves ouvrières se multiplient. Des révoltes entrainent la chute du Tzar Nicolas II en février 1917. Parallèlement, Lénine et son parti bolchévique renforce son influence. Les bolchéviques mène une seconde révolution en octobre 1917 et prennent le pouvoir. Cette période d’agitation se révèle favorable à la création artistique. Les artistes russes sont très avant-gardistes et actifs. La plupart des artistes d’avant-garde accueillent la révolution avec enthousiasme. Ils vont y voir la possibilité de réaliser leur idéal : construire une société nouvelle. Tatline dit : « l’œuvre doit participer à la vie et à la construction du monde ». Ils veulent avoir un rôle important dans ce changement de société. Le nouveau gouvernement va prendre conscience de l’importance que peu prendre l’art dans la diffusion de leurs idées. Ils vont alors enrôlés les artistes d’avant-garde au service de la propagande au service du nouveau régime. Ex : fêtes, spectacles en plein air, affiches notamment. Les affiches de propagande deviennent omniprésente (rues, lieux de travail, écoles, hôpitaux...). En 1918 , est créée l’agence Rosta de communication au sein de laquelle des artistes d’avant-garde vont être chargés de créer des affiches de propagande afin de transmettre le message politique du gouvernement. El Lissitzky avec son œuvre Battre les blancs avec le coin rouge de 1919 est l’une d’entre elles. Elle véhicule un message politique dans un contexte particulier. L’artiste a conçu l’affiche de manière à ce qu’elle soit immédiatement compréhensible et lisible par la population russe. Il y a une diagonale qui sépare un côté blanc et un côté noir. Un triangle rouge s’enfonce dans un cercle blanc. D’autres formes géométriques plus petites semblent graviter autour du cercle et du triangle. Les mots donnent une véritable signification aux formes colorées. Il y a le terme « rouge » symbolisant les bolchéviques. Le cercle blanc symbolise la contre-révolution, les partisans du régime tsariste. Cette forme angulaire a un effet dynamique et s’oppose à la masse statique du cercle blanc. Le triangle symbolise l’action bolchévique. Le message politique s’articule donc à partir de l’agencement des formes et des couleurs. L’artiste utilise un langage, totalement neuf à cette époque. Pour lui, ce langage de neuf est à même de parler au prolétariat. Il semble que pour lui, les formes seront plus accessibles au prolétariat que des figures humaines etc. Il met l’abstraction au service de la politique. Pour lui, la révolution sociale et politique mené par les bolchéviques coïncident à la révolution artistique. Autre exemple : Rodtchenko, Affiche de propagande pour les éditions d’Etat. Ici, une photographie est intégrée à des formes dessinées ou peintes. La photo originale a été découpée pour ne conserver que la tête. Il l’a redresse et l’inclut dans un cercle. Autour de ce cercle, il va disposer des couleurs, des formes et des lettres de manière à ce que celles-ci dialoguent avec le visage. Un triangle semble littéralement sortir de la bouche dans lequel est inscrit ‘Libre’. Elle est censée incarner le prolétariat. Il est inscrit ‘des livres pour tout savoir’. Tous les éléments véhiculent le même message à savoir d’inciter la population russe à lire et d’acheter les ouvrages publiés par l’Etat. Ces deux affiches illustrent un genre artistique nouveau : l’affiche qui possède l’avantage de leur permettre de s’adresser au plus grands nombres. Elles

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Histoire de l'art contemporain

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INTRODUCTION A LHISTOIRE
DE LART CONTEMPORAIN
Formes et représentations dans lart de 1905 à nos jours
Myriam.metayer@univ-bordeaux3.fr
Groupe Bureau Virtuel : ISIC-HISTOIRE ART
Examen final : Ecrit de 2h avec 3 questions de cours dont au moins une est accompagnée dune œuvre
dart à commenter et à mettre en relation avec la question
Introduction :
1
ère
affiche : créée en 1924 par Alexander Rodchenko, 7 ans après la Révolution Russe,
affiche de propagande pour inciter la population russe à lire les livres éditées par les
éditions de lEtat (Lenguiz). Linclinaison des lettres, les diagonales grossissent suivant
langle comme si la femme est en train de crier le mot « livre » dans tous les domaines
2
ème
tableau : créé par Piet Mondrian, artiste hollandais, en 1935. Ce tableau ne représente
rien dautres que des lignes noires qui sentrecroisent avec des cases colorées. On parle
dart abstrait.
3
ème
tableau : créé par Andy Warhol, artiste américain, portrait de Marilyn Monroe réalisé
en 1962 faisant partie dune très grande série représentant tous Marilyn. Il sest inspiré
dune photo tiré du tournage de Niagara, un film sorti en 1953. Lartiste a
redimensionné la photographie. Le torse a disparu, il a recadré le visage. Le visage est
réduit à des traits essentiels. Il renforce le contraste entre la lumière et lombre. Il
ajoute des couleurs (bleu pour le fond, jaune pour les cheveux…)
4
ème
tableau : 1962 : œuvres par Andy Warhol par le même principe que le portrait de
Marylin par sérigraphie. Il a pris une photo de lui-même et la transposé sur une toile.
Il a aussi ajouté des couleurs. Ici, il utilise 4 couleurs (bleu pour les parties ombrés,
vert,…)
Un groupe de musique Franz Ferdinand en 2005 pour la couverture de leur album laffiche
dAlexander Rodchenko : même obliques, mêmes intonation de la femme, même fichu sur la
têteLe domaine de la publicité sinspire en abondance des œuvres dart.
Par exemple, Ray Ban a repris le tableau de Warhol. Ces lunettes reprennent les lunettes
portées par Marylin à son époque. Avant, Warhol sétait inspiré de la publicité et désormais,
la publicité sinspire de Warhol. De même, une gamme de produits capillaires a repris les
mêmes formes et couleurs que le tableau de Mondrian. Les carreaux et les lignes sont
réinterprétés. Les carrés se superposent. Réinterprétation libre dun code formel. Enfin, même
dans la politique on peut sinspirer dun style dun artiste. Un style sont les caractéristiques qui
permettent de reconnaitre le travail dun artiste ou bien dun groupe dartiste dune même
époque voire dun même lieu. Le style saffirme par lusage de techniques particulières par la
manière dont ils sont représentées les formes et utilisées les couleurs. Tous ces éléments
1