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Poésie du 20ème siècle

Poésie du 20ème siècle
Matière

Littérature Française

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Année académique : 2018/2019
Livre listéLe romantisme
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Université de Pau et des Pays de l'Adour

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Poésie du 20ème siècle

Fin des règles métriques strictes. Renouvellement constant, ouverture à toutes les formes de dissonances et de rupture. Des œuvres rimées et métrées persistent néanmoins : Aragon, Valéry, Supervielle, Jacques Réda. Nouvelle virtuosité verbale, désacralisation (moins de mythe), jeu.

I. Passages

Le début du mouvement moderne habituellement placé en 1913, avec Alcools, L'Eve de Peguy, en même temps que le renouvellement du roman avec Du Coté de chez Swann. La fracture n'est pas aussi nette en réalité. Claudel, Segalen, Jammes font aussi preuve de ce renouvellement avant 1913, ainsi que le groupe de l'Abbaye (Georges Duhamel, Charles Vildrac), Jules Romains, l’École fantaisiste. Fragiles tentatives, mais une recherche s'y affirme, avant-garde qui conserve des liens avec ce dont elle se détache.

Présence sensible, exigence spirituelle 1898 : symboliquement, mort de Mallarmé. Terme du symbolisme. Poésie moins centrée sur le rêve et l'idéal, plus soucieuse de la nature : présence sensible et exigence spirituelle.

Dimension spirituelle qui rassemble les œuvres poétiques du début du siècle, avec une commune alliance entre puissance charnelle et présence divine aux exigences métaphysiques. Une évocation lyrique qui se nourrit du monde. Lente évolution vers le mysticisme (après Jammes), avec une parole d'abord sombre, en tension autour des thèmes de la nostalgie, de l'impossibilité d'aimer, de la difficulté d'être et de n'être pas, qui glisse vers une aspiration à l'absolu et une vision de l'Amour comme connaissance du divin.

Francis Jammes (1868-1938), De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir (1898).Se singularise par - une poésie ouverte au monde et aux sensations

  • une parole bornée à un univers familier, les alentours d'Orthez (Pyrénées)
  • Vers libres, verbe naturel, dépouillé d'effets mélodiques, où l'immédiateté du langage dit la richesse du sensible. Tonalité plus grave et presque élégiaque dans Le deuil des primevères (1901) Forme de contemplation religieuse après un retour à la foi en 1905 dans L'Eglise habillée de feuilles (1906), Les Géorgiques chrétiennes (1912). Mouvements des saisons qui dictent les mouvements de la vie paysanne.

Milosz (1877-1939) orchestre l'évolution vers le mysticisme etc, déjà dans Les Sept Solitudes (1906), mais surtout dans la Confession de Lemuel (1920), où il ne cherche pas à nommer le monde, mais à en révéler la signification pure et dire la vérité qui unit les deux mondes de la béatitude et de la désolation. Plus encore dans des œuvres marquées d'un ésotérisme philosophique comme Ars Magna (1924) et Les Arcanes (1927).

L’œuvre de Péguy (1873-1914) se veut (bien qu'inachevée) témoignage complet de l'unité de la création, du temporel et de l'éternel, du charnel et du spirituel, par l'union dans le poème de l'idée et de l'image. Une totalité où persiste les symboles, la figure récurrente de l’église. Affirme une pensée en mouvement avec un vers plus libre. Si il renoue avec l'alexandrin dans La Tapisserie de Notre- Dame (1913) par ex, c'est pour déployer une poésie discursive et oratoire, dont l’achèvement se trouve dans les quatrains d’Ève (1913) – Histoire épique de l'homme depuis le premier paradis

jusqu'à la consécration du monde temporel, se termine sur la certitude que notre terre, par l'espérance, est liée à l'éternité.

Claudel (1868-1955), avec son Art Poétique (1907) ne s'éloigne pas tant de cette vision de la poésie. L'essai ne définit pas des règles d'écriture, plutôt une philosophie : alliance entre le sensible et l'être. Réciprocité spéculaire avec l'univers. Poétique qui ne sépare pas la réalité de sa parole, cohérence d'un langage qui éclaire l'harmonie des choses.

Introduction à un poème sur Dante (1921) : « L'objet de la poésie, ce n'est donc pas, comme on le dit souvent, les rêves, les illusions ou les idées. C'est cette sainte réalité, donnée une fois pour toutes, au centre de laquelle nous sommes placés. C'est l'univers des choses visibles auquel la Foi ajoute celui des choses invisibles. C'est tout cela qui nous regarde et que nous regardons. »

Emploie parfois une prosodie traditionnelle ( Vers d'exil ,1905 ), mais c'est plutôt un phrasé ample qui caractérise le rythme de la mesure claudélienne. Rime n'est pas systématique, absente des Cinq Grandes Odes (1915) présente dans La Cantate à trois voix (1913) et Corona Benignitatis Anni Dei (hymnes, 1915). Importance égale de la parole et du silence, le vers est « une idée isolée par du blanc ». Une parole poétique qui épouse la scansion de la pensée, pensée comme une respiration. Dans Les Cinq Grandes Odes, le choix de cette forme n'empêche pas son renouvellement : aucune régularité prosodique, strophes d'ampleur variable et tonalité mélodique qui l'éloigne de la prose. Expérience d'un sujet en tension entre une foi qu'il aurait voulu accomplir par la contemplation monastique et l'amour porté à Ysé. Glissement du profane au sacré justifié par la parole du poète comme répétition, mineure, de la parole de Dieu.

Poétiques du signe

Séjours en Chine de Claudel (1868-1955), postes consulaires : poèmes en prose de Connaisance de l'Est (1900, 1907). Loin des facilités de l'exotisme et du pittoresque, « c'est la plénitude d'une présence que donnent à lire l'ensemble de ces textes ». Relation de l'homme à l'espace et au temps, recherche des rapports qui sous-tendent le réel, des réseaux de sens. Enjeu de la construction d'un lieu (poèmes-tableaux, même si il récuse la description) où l'homme tente de s'ajuster à ce qu'il perçoit. Victor Segalen (1878-1919, médecin, poète, ethnographe) lui dédie Stèles (1912), poèmes en prose nés de la méditation d'inscriptions chinoises. Le manuscrit inachevé Briques et Tuiles (rédigé en 1909- 10, publié en 67) montre une évolution par rapport à Claudel : dimension religieuse congédiée, la recherche du sens se fait dans l'aptitude à « sentir le divers ». Primat de l'action de l'espace étranger sur le voyageur qui le perçoit. Stèles est l'accomplissement de cette philosophie : la stèle qui porte l'inscription modèle le poème lui-même. Pas des traductions des inscriptions, mais réellement forme du poème. Le caractère chinois redéfinit le signe poétique, rompt la distance objet/écriture. « Le monde est fait de signes à déchiffrer, et symétriquement le poème appartient au monde ». Syntaxe dépouillée qui ne s'interdit pas l'énumération, dense. Stèles gardes mémoires. La différence culturelle et géographique n'est pas employée pour elle-même, mais pour révéler l'identité de celui qui écrit. Le recueil posthume des Odes (1926), à la différence de Stèles, affirme la possibilité d'accéder à une transcendance, même fugitivement. Inspiré de la métrique chinoise (quatrains de vers de 12 syllabes, dont la césure après la cinquième les distingue de l'alexandrin). Dites religieuses, mais sans acception précise à un Dieu, elles sont suivies d'un commentaire en prose. Cheminement vers la réalité la plus haute dont on ne pourra jamais avoir la certitude.

Expériences et fantaisies

Vers l'esprit nouveau Apollinaire – recueils posthumes Il y a, Le Guetteur mélancolique, Poèmes à Madeleine, Poèmes à Lou. Toute son œuvre tient dans l'élargissement du champ de la poésie. Sensible à la matière des mots, vigueur de l'image autonome (« Soleil cou coupé »), le poème comme espace de pertes de repère. Esthétique du discontinu, changements de registres, calembours. ESTHETIQUE DE LA SUPRISE. Puissance orphique du langage dans Alcools, lyrisme renouvelé dans Calligrammes. Apollinaire ne nie pas tout lien avec la tradition, emploie la rime et certains de ses thèmes. Le mouvement de Alcools n'est pas chronologique et offre une architecture dissonante, qui le dégage d'une dimension autobiographique. S'ouvre avec « Zone », le poème le plus tardif, emblème du recueil : le situe dans un maintenant où s'actualisent d'autres temps,déjà le thème du dédoublement. La poésie comme moyen d'outrepasser le réel de le transfigurer, le prolonger par la fantaisie ou le renouveler par le mythe – figure du poète magicien liée à Merlin/Orphée. Échapper à la finitude de l'être. Question de l'identité du sujet (« Cortége ») dans le dédoublement, mais aussi par rapport au temps, le poème tentative de saisie de soi par soi. Travail sur le simultané et l'effacement des écarts temporels domine dans Alcools, mais Calligrammes (1918) se centre plutôt sur l'espace du poème et les formes de la présence. Thème alternative de l'amour et du combat (sous-titre Poémes de la paix et de la guerre (1913-1916) ) qui répond à la chronologie. Privilégie une parole plus ordinaire à la musicalité, la perception plutôt que le sentiment, recherche un nouveau rapport du sujet au réel. Ambition d'allier poésie et peinture/image pour faire advenir un « lyrisme visuel ». Bouleverse les modalités de l'échange avec le lecteur dont il sollicite la voix et le regard. Le recueil mince Vitam impendere amori (1917) avec la perfection de ses quatrains semble reconduire à une source antérieure, confirme volonté d'Apollinaire de « renouveler le ton poétique dans le rythme classique ».

Évocations de la réalité : une poésie élargie

Léon-Paul Fargue (1876-1947), Poëmes (1905 et 1912) en prose. Transfiguration du souvenir par la nostalgie. Errance fantomatique, sentiment de manque, plénitude du passé qui désenchante le présent. Sensibilité à la tonalité regrettante et intime qui se conserve dans Épaisseurs (1928), écho surréaliste ; Vulturne (1928), éclatements oniriques ; fantastique dans Haute Solitude (1942).

Sensibilité élargie par Valery Larbaud et Cendrars. Évocation d'une réalité ouverte au monde entier et usage d'un vers ample au rythme efficace qui brise les anciennes mélodies du vers libre. VL, Poèmes par un riche amateur, Barnabooth, accompagnés d'une biographie fictive, publiés en 1913 sous son propre nom, comme Poésies de A. Barnabooth. Deux sections, Borborygmes et Europe. Enchantement du voyage mais surtout volonté d'une voix authentique, immédiateté revendiquée. Nonchalance épicurienne, prosodie neuve à l'intonation familière. Blaise Cendrars, Les Pâques à New York (1912), Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France (1913). Vie ouverte à l'aventure. Alexandrins, rimes dans les Pâques, mais renouvellement thèmes : solitude errante, déréliction métaphysique. Prose du Transsibérien, vers multiple, absence de rime. Sensation brute de l'existence. Forme rompue où l'émotion est souvent défaite par de nouvelles associations de sonorités. Le livre est lui-même un poème-objet, première édition sous la forme d'un dépliant. Dix-neuf poèmes élastiques (1919) est un collage dynamique d'anecdotes, d'énoncés brefs qui déroutent la communication. Écriture réactive où le poète s'attache à accueillir le fait brut. Documentaires (1924) est un montage de fragments de Gustave Lerouge, qui érige en poèmes de pures « photographies verbales ». Diversité des ressources pour posséder le monde dans sa totalité, expérience des limites de l’œuvre.

Inventions, variations Conscience ébranlée, vision inapaisée du monde, Jean Cocteau et Max Jacob. Quête existentielle qui justifie des variations esthétiques. Prestige de la poésie : pour Cocteau, révélation ; pour Jacob, dénouée du monde. Max Jacob, Préoccupations religieuses dans Les Œuvres burlesques et mystiques du Frère Matorel (1912), La Défense de Tartufe (1919). Pas d'unité de l’œuvre, mais cohérence de la poétique. Poèmes en prose dans Cornet à dés (1917), en vers dans Laboratoire central (1921). Liberté constante mais non hasardeuse. Poésie d'artifice qui maintient une volonté d'exprimer l'émotion = ambiguïté, entre éloignement du réel et écriture voisine de la prose ordinaire, oralité. Recours à ses propres rêves pour des associations insolites (pas transcription comme les surréalistes). S'attache à donner une unité au poème avec un système d'échos, réseau d'images. Dérision, ironie et parodie affichés. Poésie mise à distance d'elle-même, seul expérience du jeu du poète. Jean Cocteau porte à la fois une inventivité expérimentale et une écriture classique. Diversité donnée dans ordonnancement de ses livres : poésie de la poésie ; poésie de roman ; poésie graphique et cinématographique. Association de dessins et de textes, diversité des modes d'écriture, juxtaposition de fragments dans Potomak (1919), intégré à poésie de roman. La tradition du vers et la thématique de la passion amoureuse se retrouvent dans Plainchant (1923). Principe central de toute son œuvre est de jeter sur le réel, perçu machinalement, la vraie lumière qui sache le découvrir. Des poèmes comme Léone (1945) et Requiem (1962) gardent la trace d'une profonde mesure existentielle. Œuvre travaillée par les deux mondes de la présence et de l'absence, avec la figure mythique de l'Ange intercesseur, passeur de poésie.

Un sujet lyrique

Ne pas comprendre l’œuvre de Valéry comme entièrement classique. Ambition de construire un poème clos, qui substitue son monde à celui du réel. L'Album des vers anciens (1920) écrit en 1891 porte déjà cette volonté. Privilégie la musicalité du poème, sans que ce soit une exigence symboliste, mais fondement d'une métaphysique du langage, où le poème est une voix source. Affirme un langage singulier où « le Moi, c'est la Voix », sans le qualifier de personnel. Le chant fonde la présence du sujet lyrique, continuité mélodique qui assure l'unité du poème. Déjoue l'acception ordinaire des mots. Univers neuf et séparé, exigence de fabrication. La Jeune Parque (1917) renoue avec le vers, volonté de faire dans le respect des contraintes formelles. Thème des variations de la conscience, mais surtout question originelle de l'identité, difficulté à faire de l’Être un objet du Connaître. Composition qui déjoue la continuité narrative. Parole de la Parque comme son propre événement, chant qu'elle s'adresse à elle-même. Maturité du vers dans Charmes (1921). Ensemble de 21 poèmes très divers dont l'unité est faite par la présence d'un sujet lyrique qui maintient le passage entre dedans/dehors, intelligible/sensible. Attention portée aux rapports Corps/Esprit/Monde, Âme/Corps, Tout/Partie. Présence emblématique de Narcisse : importance du regard dans le jeu de la conscience, figure qui excède le thème simplement poétique. Noter ouverture aux poèmes en prose : quelques uns dans Tel Quel, Mélange, la plupart dans Cahiers.

Entre deux mondes Reverdy, particulièrement inscrit dans son temps, Le Gant de crin (1927), Le livre de mon bord (1948), En Vrac (1956), en prose La Liberté des Mers (1960). A influencé le surréalisme, mais s'en distingue. Écriture sobre, mots simples, apparence de monotonie. En vers Plupart du temps (1945) (écrits en 1915-22), Main d’œuvre (1949) (1925-49). Evolution : phrasé plus ample, usage du vers libre, harmonie continue. Profonde cohérence cependant, autour d'un rapport difficile du Je au monde sensible, regard constamment inquiété par l'inadéquation entre l'être et le réel. Double refus d'une hauteur aliénante et d'un réel insatisfaisant, qui donne une poésie entre deux mondes. Limite exprimée dans des thèmes constants : le mur, qui matérialise l'obstacle du monde ; la séduction de l'ailleurs alors que le réel nous échappe ; le lien visible/invisible, ici/ailleurs.

Exp de l’écriture automatique finit par être décevante avec invention première qui devient poncifs. Mais un ébranlement ++ avec spontanéité et hasard : dissoudre autorité de l’auteur, subvertir rhétorique poésie. Réagir contre une dépréciation du langage. Glossaire : j’y serre mes gloses, Michel Leiris : remotivation ludique de la langue. Emergence de l’inattendu motive écriture automatique + fonction reconnue à l’image. Idée que l’image ne peut pas être conçue mais qu’elle s’impose (renversement). Reverdy qui demande de la justesse, Breton lui substitue donc l’arbitraire qui interdit une trop rapide traduction en langage ordinaire. Langage poétique ne traduit rien d’antécédent (l’image ne vient pas révéler un autre réel) mais s’attache à saisir une vérité dont il dit également l’attente : demeure en-deçà de son objet et pas au-delà de ce qu’il voudrait exprimer. Signification nait de la forme et non l’inverse. La révélation poétique ne précède pas la création mais lui succède et rend possible la révélation poétique. « L’illumination vient ensuite » Breton. Prolonger le réel dans l’imaginaire : poésie transfigure la vie. Lever tous les dualismes, affirmer l’existence de « certain point de l’esprit d’où la vie et la mort, le réel et l’imaginaire, le haut et le bas cessent d’être perçus contradictoirement ». Quête d’une connaissance différente de l’homme qui dise son unité : exigence d’une exploration largement étendue, susceptible d’advenir quand la raison s’éloigne. Amour constamment privilégie parce que c’est là où s’outrepasse la connaissance individuelle d’un être. Dessiner une manière d’au-delà mais précisément dans l’immanent cette fois. Beauté excède alors tout champ restreint de l’esthétique : à la place du jugement ou du goût : la sensation du plaisir éprouvé (émotion poétique et plaisir érotique). Volonté de ne pas mettre l’art au- dessus de la vie. Volonté de considérer les récits de rêve, les textes issus de l’écriture automatique ou les poèmes comme des expériences que l’on ne peut pas hiérarchiser : désacraliser la po + reconnaitre aptitude de chacun à la pratique. MS divergence : Eluard et Aragon distinguent la po véritable des exp de quiconque. Ambiguïté ++ d’un mvt qui écrit dans le même moment qu’il congédie la litt.

  1. Parcours croisés

Volonté de limiter la distance entre le désir et le monde : œuvre de Desnos en témoigne ++, avec grande confiance dans écriture. Corps et bien, publié l’année où Desnos quitte le mvt (après des recueils d’exp écriture automatique). Virtuosité dans les jeux de langage. Perturber les rapports de la pensée et du langage. Cohérence onirique qui associe les thèmes de l’amour et de la mort. Lyrisme d’une po orale où rythme structure le sens. Souvent un Je qui s’adresse à un Tu qui se transforme peu à peu en Elle quand les poèmes sont plus narratifs. Sens du merveilleux.

Eluard : privilégier une présence au monde plus visible dès Capitale de la douleur (déjà indépendance par rapp au mvt qu’il quitte 12 ans après). Maintenir le monde sensible en étroite correspondance avec le sujet avec souci d’un possible échange avec le lecteur (voir l’automatisme comme exclusion du monde sensible). Po comme s’il n’y avait pas de séparation entre le regard et le monde, et vision du monde est connaissance. Idée que le poème permet la découverte de ce qui peut être reconnu, alors qu’était détaché de 1ère apparence : donc goût pour les formes codifiées qui peuvent devenir un jeu de l’écriture dans la subversion 152 proverbes mis au goût du jour (avec Benjamin Péret). Approche de l’image : cherche à faire reconnaitre le déjà vu après une sorte d’éblouissement. Conférence L’Evidence poétique. Evidence de la forme avec diversité des mètres pour éviter une syntaxe trop rhétorique ou discursive, parole deviendrait trop facile. Evidence d’un monde où le singulier s’universalise, appel réciproque des corps ou objet que le regard réveille. Réinvention permanente du réel. Voir écriture po comme la progression liée des mots, une avancée ininterrompue = avancée aussi du sens (prendre à rebours la pratique du fragment, chez René Char par ex).

Œuvre ouvertement liée à l’amour, mais recèle aussi une part d’ombre. Mourir de ne pas mourir : double désarroi : solitude de l’homme sans la femme aimée + impuissance à délivrer une pure parole po. Puis quasi disparition avec voyage. Ensuite 45 « Nouveaux poèmes » de Capitale de la Douleur dédiés à Gala en signe de réconciliation. Montrer le passage de la solitude à la ressemblance amoureuse qui fait de l’éloignement de l’autre une séparation d’avec soi. Exigence de la communauté qui va creuser une nouvelle part d’ombre avec guerre espagnole puis résistance.

Breton : œuvre plus diverse mais unité : volonté de ne pas éloigner de la poésie la recherche d’un sens de la vie. Ebranlement du surréalisme dans son écriture entre Mont de Piété (1919) avec encore influence Rimbaud, Mallarmé, Apollinaire et Reverdy VS Clair de Terre (1923) avec véritable commencement. Images et ampleur rythmique pour traduire monde ouvert et tourné vers avenir, cinq récits de rêve, une certaine fluidité de la parole poétique (surement grâce à automatisme). Le Revolver à cheveux blancs : sorte de manifeste dans un des poèmes « l’imaginaire est ce qui tend à devenir réel. Association des jeux de sonorités et des images. S’interdire la logique d’une structure continue ou repères spatiaux-temporels précis. Garder aussi dans le champ poétique certains textes en prose comme Nadja (1928). Expérience réelle jamais séparée de la question de l’identité (début du livre = « qui suis-je? ») mais aucune part ne sera laissée à l’introspection. Emotion à la place de l’explication. Figure centrale de Nadja : multiplier autour d’elle une réalité documentaire mais ne pas lever l’énigme sur le perso. L’exp vécue l’emporte sur le souci d’écrire, justifier ordre fragmenté du livre, porteuse de troubles et d’un sens qui ne se livre pas. L’Amour fou aussi un récit, celui de la rencontre avec Jacqueline Lamba, entrecroisé avec réflexion sur la rencontre, sur la puissance du récit, sur la beauté etc.. de l’observation justifie la présence de photos authentiques qui brise incrédulité face à un livre troublant. Mais pas de sécheresse analytique dans le texte, lyrisme de l’émotion. Passage de la réalité au mystère, pas de complaisance dans la fiction mais toujours souci d’éviter réalisme de rationalité abusive. Aragon : refuser la radicale distinction entre poésie et roman (suivent des considérations sur le roman inintéressantes pour le sujet)

Différent poétique qui vient séparer Breton et Aragon. Dans Persécuté persécuteur (1931), Aragon, long poème louange URSS « Front Rouge ». Breton désapprouve qu’A vienne rompre avec le langage indirect. Faire droit à une attention politique au réel dès La Grande Gaité : désarroi d’un regard porté sur le monde + un possible usage de la poésie qui se dessine. Avec la Grande Gaité (1929) et Hourra l’Oural (1934) : premiers échos de la voix d’A ; écart affirmé face au surréalisme + redéfinition de la litt appelé par le communisme d’Aragon. Tout se passe comme si chez Aragon, tous les moyens poétiques étaient requis, des formes classiques aux calligrammes ou « Suicide » qui dispose en vers les lettres de l’alphabet. Une musique particulière à Aragon avec par ex le goût de la rime intérieure. Que voir dans les formes régulières? Une manière de parodie OU une certaine nécessité, pour que le phrasé propre d’Aragon s’affirme, d’un mètre qui se réapproprie les anciennes traditions. Un assez long silence, mais c’est la po de la Résistance qui en donnera assurance = le recommencement po d’Aragon.

  1. Le Grand Jeu

Le Grand Jeu partage avec les surréalistes une révolte permanente contre les valeurs établies et le refus d’une raison toute puissante. Mouvement autour de ses deux fondateurs : René Daumal et

Supervielle : écriture fluide et presque transparente VS écriture tourmentée de Jouve. Ont tous les deux construit des œuvres solitaires après s’être dégagés d’une première période d’influence (symbolisme pour Supervielle et unanimisme pour Jouve). Et surtout ont fondé leurs œuvres sur exigence d’un être inapaisé. Sujet uni au monde par un lien troublé, mouvement conscience sans repos, tâche de leur poésie : outrepasser cette inquiétude.

Supervielle : simplicité de la poésie immédiatement sensible, humour. Ressources tradi d’une forme qui réhabilite discours et narration, mais assure une place ++ à l’image et peut aussi donner à son vers un rythme de prose accentué. Ton singulier mais lexique sans raretés, laisse souvent la parole aux êtres évoqués. Intime angoisse de sa propre identité ; celle de la mort, celle de l’instabilité des choses qui donne à ses poèmes l’étrangeté d’un monde. Inquiétude aggravée par difficile partage entre Uruguay natal et Europe. Débarcadères (1922) : nouveau commencement, faire corps avec les paysages d’Am du Sud intériorisés, ampleur du verset lui permet de mieux exprimer le mvt du dedans et du dehors. Gravitations : ouvre au lecteur un cosmos sans repères ni frontières : projeter dans l’univers l’inquiétude du monde intérieur. Le temps devient espace à parcourir, les limites s’effacent, univers se recompose selon les lois d’une rêverie. Le Forçat innocent (1930) : prisonnier de sa conscience et de son corps, n’arrive pas à faire connexion avec univers extérieur orienté vers lui. La Fable du Monde (1938) : relation du dedans au dehors est plus apaisée. Rapporter au macrocosme le microcosme du corps qui s’affirme comme centre. Réécriture de la Genèse, appeler la présence de Dieu pour la 1ère fois, il s’agit plus d’une figure poétique du créateur du monde que d’une présence métaphysique. Supervielle conjoint la création : parole de Dieu et parole du poète s’assurent d’être l’une par l’autre. Poète prend la voix de Dieu aussi bien qu’il l’écoute. Mvt où s’affirme la naissance du poète, liée au sentiment d’être « partout à la fois, aussi bien dans l’espace que dans les diverses régions de la pensée ». Ecriture = manière de donner à lire ce vertige + de l’exorciser.

Jouve : donner une perspective religieuse à sa poésie comme seule réponse au « néant du temps » + donner à son vers la qualité de chant. Lutter contre éloquence à laquelle il avait cédé auparavant. A la place, une poésie syncopée, inégalité du mètre : drame de vivre dans la honte de vivre dans un monde de sensualité impure. Aspirer à délivrance mystique (Noces : lumière, ouverture et sourire de Dieu). Puissance de la poésie liée à sa musicalité, juxtaposition abrupte de mots aussi bien que silences et blancs. Tendu vers transcendance et Beauté : double aspiration spirituelle et esthétique. But poésie = convertir la substance charnelle en substance spirituelle. Le Paradis perdu : long poème en vers sur mode dramaturgique, organisé en 25 pièces avec prologue et deux livres, vers blancs ou libre, prose rimée, dialogue... Drame commun : Chute de la nature et de l’homme. Intérêt porté aussi à la psychanalyse, les fautes sont liées à l’inconscient : la vérité de l’être doit donc être ailleurs. Accomplissement de la po peut faire espérer le salut au poète. Poésie ne s’arrête jamais car péché et angoisse font toujours retour.

  1. L’écriture du manque

Pur respect de la chronologie : mettre Artaud dans le surréalisme. Appartient au mvt au moment parution L’Ombilic des Limbes + Le Pèse-nerfs (1925). Mais maintient sa différence pendant son bref passage dans le mvt (1924-1926). Exigence : souci de la spiritualité et mépris de la vie (face à amour de la vie des surréalistes). Sa révolte n’est pas collective et elle est vécue dans la douleur de sa folie. Ecrire contre ce qui se dérobe en lui. Lettres écrites à Jacques Rivière marquent sa vraie naissance. «Impouvoir » : force d’un manque qui dérobe la parole à l’idée. L’exp d’Artaud est le véritable objet

de l’écriture, moins de la poésie qu’un « inexprimable ». Puissance du cri se mesure au vide que ses textes affrontent.

Michaud : exigence d’écrire parait également liée à un essentiel défaut intérieur de l’être. Œuvre entière sur angoisse de la perte. Sentiment d’une misère qui dépouille la personne pour la ramener à une sorte de conscience intérieure fragile. S’attacher à la recherche de cet être. Du Je au Il. La fiction ne détourne pas l’attention de l’être mais elle le révèle au contraire d’une manière indirecte. Distance qui donne de l’unité à son œuvre, passer de la confession à l’observation, de l’observation à la fiction sans sentiment de rupture pour le lecteur car l’adéquation de l’être au monde n’arrive jamais. Ce dont témoigne le personnage de Plume Un certain Plume (1930) : Plume affirme une certaine existence autonome mais reste en-deçà des déterminations d’un perso ordinaire. Précarité connotée par son nom. Michaud entend révéler par lui le « fantôme intérieur ». Quête de l’être selon trois moment successifs : voyage, fiction, usage expérimental de la drogue. Ecuador + Un barbare en Asie + Ailleurs : regard naïf sur la découverte de l’autre pour rendre compte d’une solitude née de sa différence irréductible. Découverte de contrées fictives pour exploration de soi et imaginaire pour éviter le heurt de la réalité. Donner congé à réel dur à vivre en se réfugiant dans sites intérieurs MAIS l’enfouissement qu’ils permettent n’est pas une libération : c’est un lieu de pénurie qui se découvre, l’être est encore travaillé par angoisse du vide. L’espace du dedans (anthologie, 1944) : titre donne signification à toute l’œuvre : univers en mvt, écriture garde trace d’un certain fantastique. Les présences intérieures rassurent le Moi en donnant forme en vide mais le menacent par leurs apparitions. A partir de 1956 : recours quasi systématique aux hallucinogènes, à la mescaline ++. Des images plus abstraites succèdent aux monstres intérieurs, mais le processus reste le même. Dédoublement de l’être qui s’observe et qui écrit est radicalisé. Essayer de décrire l’imaginaire auquel il accède comme une réalité. Défi lancé à la langue pour saisir l’inexprimable. Connaissance par les gouffres (1961). « J’écris pour me parcourir. Peindre, composer, écrire : me parcourir ». Se parcourir plutôt que faire de la littérature. Garder toujours conscience que l’écriture efface l’expérience qu’elle affirme. Pas de prose poétique car élude la régularité mélodieuse du rythme et ornement de l’image.

  1. Louange du monde

Saint John Perse (Alexis Léger). Envisager la poésie comme nouée au réel par lien de nécessité ++. Parole sacrée de la poésie, souvent scansion du verset, puissance du rythme, éloquence du verbe. Poèmes souvent composés comme des sortes de drame. Poète déchiffre l’ordre du monde. Travailler contre toute abstraction, même si poésie assez obscure. Voir la po comme connaissance du réel qu’elle éclaire. Charge qui revient au poète : relier à nouveau l’homme et l’Etre (signe de permanence et d’unité dans le Tout). Poésie constamment lyrique comme louange du monde et de l’homme présent, avec idée de l’adéquation profonde du sujet + langage uni à la réalité. Eloges (1907), section « Pour fêter une enfance » : réelle nostalgie de l’enfance guadeloupéenne, dimension autobio mais anecdote disparait sous dimension symbolique de l’enfance et l’insularité du paradis perdu avec harmonie du monde à l’humain. Anabase (1924) : superpose fondation d’un empire et la construction du poème. Garder les souvenirs des voyages du poète diplomate (Chine dans Anabase) (exil aux EU en 1940) mais offrir au lecteur une œuvre éloignée de l’auteur, plus universelle. Dépaysement avec insolite de ses images, ellipses de son avancée. Gout de la réalité visible dans l’usage du mot rare. Certains êtres emblématiques peuplent sa poésie comme l’Amant, le Pérégrin, le Poète, le Prince ou bien la Reine. Des rituels dans leurs comportements : affirmer l’accord de leur vie avec un ordre plus

Le retour au vers plus ''traditionnel'' apparait comme motivé tout entier par les événements et l’occupation. Le Crève Coeur d’Aragon = l’organisation du recueil suit les événements de la guerre = rupture entre première et seconde partie car début de l’occupation. La figure d’Elsa est rapidement associée à la guerre = thématique du couple séparé par la guerre. Le monde se réconcilie par l’amour, le temps est uni dans cet amour.

POÉSIE ET PRIÈRE:

On a la tentation d’opposer à ces oeuvres de la résistance = oeuvres de la spiritualité, du lyrisme violent où l’on tente d’expier une faute liée à la sexualité, inquiétude où s’affrontent sexualité et sensualité. Auteurs sont = Emmanuel, Patrice de la Tour du Pin, écho de Jouve, lien avec Jean- Claude Renard. La Tour du Pin affirme tension spirituelle dès 1933 avec Ma Quête de joie et Une somme de Poésie (gros recueille publié à titre posthume) poésie lyrique, marquée par la recherche de soi, diversité formelle dans l’écriture, polyphonie afin de rendre compte d’un tout, recherche totalisante d’un sens et du Je. Cherche à atteindre l’Esprit, Dieu. = nomme cela la Théopoésie = alliance de la poésie et de la prière. Renard quant à lui= assigne tache à discours poétique = recherche monde pacifié, ouverture à Dieu. Poésie formelle qui cherche le Père dans le doute, le vacillement de la foi, la poésie est ainsi le lieu du doute puis de la réconciliation. La réconciliation est le lieu de la détente formelle= devient plus souple et foisonnant des images = spiritualité liée à la sensualité= mais dieu ne se livre que dans son absence et c’est ainsi que le vide devient l’emprunte en négatif de Dieu.

LIBRES PAROLES:

Jacques Prévert et Raymond Queneau = contestation de la poésie, ramènent une oralité = contre les conventions contraignantes, désacralisent le langage afin qu’il soit rendu au français que l’on parle. Prévert = Paroles, Histoires = souvent chantés, tonalité libertaire, condamnation de l’oppression. Structure composite = donne à voir une réalité banale sans la déformer, subversion des lieux communs et des clichés, refus de toute soumission, anticléricalisme, verve spontanée, la poésie laisse place à des ressources formelles mais toujours en désarmant les codes et les topoï. Queneau= Chêne et Chine, Les Ziaux, L’Instant fatal= artisanat de la forme qui prend à rebours esthétique de l’inachevé de l’époque, évolution tout au long de ses poèmes de la forme = tonalités très différentes = mystique, burlesque, tragique, fantaisiste mais thèmes obsessionnels = temps, désir de ce qui échappe, univers inconsistant et irréel, attention à la ville et à la misère de l’homme. Pôles de la liberté et de la maitrise dans sa poésie, émergence de l’humour dans son oeuvre = vers fondation de l’Oulipo = jouer un renouvellement des vers réguliers et rimés, l’alexandrin libérée, recherche du ludique dans le formel. Se détache de l’image = travail sur les mots (jeux strictement phonétiques comme l’agglutination= (ex: pasdutout) ) un néo français qui accueille l’argot, les tournures populaires.

Tardieu = apparence ludique et rochers d’oralité, recherche une langue dégagée de ses insuffisances, perçoit une distance entre soi et soi, écrire permet de lutter contre un monde qui se retire dans sa présence même et de conjurer l’angoisse que cette disparition suscite. Poèmes disent le dédoublement du sujet, Tardieu se forgent de nombreuses figures d’un autre Moi = il utilise la dérision permet de faire du lavage une quête de sens. Il y a une gravité tragique chez l’auteur que le sourire recouvre sans l’annuler. La poésie conjure l’obscurité, le poète veut dévoiler.

LES MOTS ET LES CHOSES :

Ponge = vise à découvrir dans les objets « de nouvelles qualités sommables ». Ce objets sont des choses familières (le cageot), des animaux, les saisons, mais aussi des types d’humains. Il cherche à dire pleinement la concrète épaisseur des choses = besoin de l’invention d’une langue nouvelle pour faire apparaitre ce qu’on a pas encore réussi à voire. = jeu sur la graphie, la phonétique = tentative d’assujettir paroles aux choses. Finit par aboutir à une opposition à la poésie car elle rogne les objets dans sa volonté de les fixer. Proêmes marque ainsi l’union de la poésie et de la prose. Il montre son travail en train de se faire pour montrer avec plus de vérité dans La Rage de l’expression, la parole se trouve soumise à ce qu’elle doit décrire. Le jeu de l’écriture permet de décrire l’objet dans l’objeu= équilibre entre intention de dire et souci de faire.

MODESTIE DU RÉEL :

Jean Follain et Guillevic= établir claire relation entre l’homme et le réel.

Follain = veut unir les êtres et les choses, chaque réalité doit être évoquée pour elle même et non par le biais de métaphores convenues, il veut exprimer la multiplicité de chaque chose. Il s’agit de poétiser l’étrangeté qui configure chaque monde afin de la donner à voire dans sa multiplicité et dans sa singularité. Il ne s’agit pas de révéler le monde par la poésie mais d’en montrer l’inconnaissable par l’art poétique = rend par la sensation et semble accroitre l’énigme du monde en l’explorant. le je s’absente de descriptions qui découvrent l’être profond d’un monde borné. Poésie qui rassemble l’épars dans l’écriture.

Eugène Guillevic = attention portée à la matière des choses, aux objets familiers, angoisse de l’être face au monde. peur dans sa poésie = crainte de la dissolution du sujet dans le monde, univers où le corps d’une femme, ses bienfaits intercède entre le monde et soi. L’écriture est une manière d’exorciser la peur de la perte du lien de soi au monde. Usage d’un mètre varié sans soucis de régularité, bref où domine hexasyllabes, les courts poèmes disent l’effusion, un verbe appauvri pour en mettre en avant la rudesse, des restrictions qui mettent en valeur et donnent de la force au propos. le vers libre dont il fait usage ainsi que le refus de la rime = voix qui échappe à la musicalité. Poète cherche un Je capable de suspendre par l’écriture.

QUÊTE DE L’ETRE:

Frénaud = poésie comme illumination passagère, dire fugitivement une présence ontologique, l’entière participation du sujet à un tout auquel il se sent appartenir. Oeuvre construit une quête d’un être par le Je, dramatise expression poétique en l’éloignant de l’empirique qu’il juge aliénant, poèmes brefs en vers ou en prose, mais aussi pièces longues en vers libre avec trame narrative. Quête d’un moment d’exception et d’une unité dans celui ci = exprimé par le recours au mythe + ancrage dans la guerre qui évoque dimension légendaire par la figure du voyageur et le motif de la maison ou du château, il fait fasse à une impossibilité d’accéder à l’épiphanie, au delà dénué de transcendance, recours à l’ironie qui s’infléchit quand apparait l’amour.

VI-L’intégrité perdue (1953-1960)

Epoque du structuralisme, texte refermé sur lui-même, relation différente au réel qui se pense sur le mode de l’intégrité perdue = insuffisance de la langue que la parole poétique doit racheter. Textes de la poésie du lieu = chez Bonnefoy, Dupin, Jaccottet, De Bouchet mais chacun a sa singularité. Deux versants se dessinent = Bonnefoy et Jaccottet = lyrisme qui cherche à accéder à une forme de présence avec dimension réflexive, spéculative. Dupin et Bouchet = contre lyrisme qui produit dissonance, avec un sujet qui est remis en question.

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Poésie du 20ème siècle

Matière: Littérature Française

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Poésie du 20 ème
siècle
Fin des règles métriques strictes. Renouvellement constant, ouverture à toutes les formes de
dissonances et de rupture. Des œuvres rimées et métrées persistent néanmoins : Aragon, Valéry,
Supervielle, Jacques Réda.
Nouvelle virtuosité verbale, désacralisation (moins de mythe), jeu.
I. Passages
Le début du mouvement moderne habituellement placé en 1913, avec Alcools, L'Eve de Peguy, en
même temps que le renouvellement du roman avec Du Coté de chez Swann.
La fracture n'est pas aussi nette en réalité. Claudel, Segalen, Jammes font aussi preuve de ce
renouvellement avant 1913, ainsi que le groupe de l'Abbaye (Georges Duhamel, Charles Vildrac),
Jules Romains, l’École fantaisiste. Fragiles tentatives, mais une recherche s'y affirme, avant-garde qui
conserve des liens avec ce dont elle se détache.
Présence sensible, exigence spirituelle
1898 : symboliquement, mort de Mallarmé. Terme du symbolisme. Poésie moins centrée sur le rêve
et l'idéal, plus soucieuse de la nature : présence sensible et exigence spirituelle.
Dimension spirituelle qui rassemble les œuvres poétiques du début du siècle, avec une commune
alliance entre puissance charnelle et présence divine.Verbe aux exigences métaphysiques. Une
évocation lyrique qui se nourrit du monde.
Lente évolution vers le mysticisme (après Jammes), avec une parole d'abord sombre, en tension
autour des thèmes de la nostalgie, de l'impossibilité d'aimer, de la difficulté d'être et de n'être pas,
qui glisse vers une aspiration à l'absolu et une vision de l'Amour comme connaissance du divin.
Francis Jammes (1868-1938), De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir (1898).Se singularise par - une
poésie ouverte au monde et aux sensations
- une parole bornée à un univers familier, les alentours d'Orthez (Pyrénées)
- Vers libres, verbe naturel, dépouillé d'effets mélodiques, où l'immédiateté du langage dit la richesse
du sensible.
Tonalité plus grave et presque élégiaque dans Le deuil des primevères (1901)
Forme de contemplation religieuse après un retour à la foi en 1905 dans L'Eglise habillée de feuilles
(1906), Les Géorgiques chrétiennes (1912). Mouvements des saisons qui dictent les mouvements de
la vie paysanne.
Milosz (1877-1939) orchestre l'évolution vers le mysticisme etc, déjà dans Les Sept Solitudes (1906),
mais surtout dans la Confession de Lemuel (1920), où il ne cherche pas à nommer le monde, mais à
en révéler la signification pure et dire la vérité qui unit les deux mondes de la béatitude et de la
désolation. Plus encore dans des œuvres marquées d'un ésotérisme philosophique comme Ars
Magna (1924) et Les Arcanes (1927).
Lœuvre de Péguy (1873-1914) se veut (bien qu'inachevée) témoignage complet de l'unité de la
création, du temporel et de l'éternel, du charnel et du spirituel, par l'union dans le poème de l'idée et
de l'image. Une totalité où persiste les symboles, la figure récurrente de l’église. Affirme une pensée
en mouvement avec un vers plus libre. Si il renoue avec l'alexandrin dans La Tapisserie de Notre-
Dame (1913) par ex, c'est pour déployer une poésie discursive et oratoire, dont l’achèvement se
trouve dans les quatrains d’Ève (1913)Histoire épique de l'homme depuis le premier paradis